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Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/135

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tu en pourras porter ; mais auparavant je veux m’assurer si tu n’as pas peur, car je ne donne rien aux poltrons.

— Soldat et poltron, répondit l’autre, sont deux mots qui ne vont pas ensemble. Tu peux me mettre à l’épreuve.

— Eh bien donc, reprit l’étranger, regarde derrière toi. »

Le soldat, se retournant, vit un ours énorme qui courait sur lui en grondant. « Oh, oh ! s’écria-t-il, je vais te chatouiller le nez et te faire perdre l’envie de grogner. » Et, le couchant en joue, il l’atteignit au museau ; l’ours tomba mort sur le coup.

« Je vois, dit l’étranger, que tu ne manques pas de courage ; mais tu dois remplir encore d’autres conditions.

— Rien ne m’arrêtera, dit le soldat qui voyait bien à qui il avait affaire, pourvu que mon salut éternel ne soit pas compromis.

— Tu en jugeras toi-même, répliqua l’homme. Pendant sept ans tu ne devras ni te laver, ni te peigner la barbe et les cheveux, ni te couper les ongles, ni faire ta prière. Je vais te donner un habit et un manteau que tu porteras pendant tout ce temps. Si tu meurs dans cet intervalle, tu m’appartiendras ; si tu vis au delà de sept ans, tu seras libre et riche pour toute la vie. »

Le soldat songea à la grande misère à laquelle il