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XXX

préparatifs d’offensive

— Tu sais, avait dit Suzanne à Bob, en lui remettant le testament du père Sénécal, si jamais Léon apprend que je t’ai donné ça, il me tuera comme un chien !

Et Bob, dans le secret de sa chambre, tournait et retournait ce document qu’il savait maintenant presque par cœur ; ce document qui signifiait, pour Simonne et André Lamarche, une aisance dont ils avaient été criminellement privés depuis si longtemps ; pour Sénécal, un châtiment bien mérité.

Mais comment agir ? Comment faire rendre gorge à Sénécal, avec l’assurance que jamais sa vengeance ne pourrait atteindre Suzanne ? L’arrêter ? Évidemment, en le plaçant immédiatement entre les quatre murs d’une cellule, on le mettrait dans l’impossibilité de nuire. Seulement, combien de temps y resterait-il ? Un an, deux ans, cinq peut-être ! Et après ? Sénécal n’était pas homme à oublier, et sa rancune aurait la vie assez dure pour qu’il n’hésite pas, même après plusieurs années, à mettre ses menaces à exécution. Et encore, là n’était pas le seul danger d’une arrestation et d’un procès. Bob avait promis à Suzanne qu’elle ne serait pas inquiétée. Or il était certain que Léon Sénécal, quand il se verrait traqué par la justice et menacé d’une condamnation, n’hésiterait pas à entraîner Suzanne dans sa chute, à essayer même de faire retomber sur elle la responsabilité princi-