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XXXI

l’assaut

Le lendemain, quand vers dix heures du matin, monsieur Bernard et Bob se présentèrent chez Sénécal, il était seul. En voyant entrer chez lui les deux hommes qui s’étaient le plus acharnés à défendre Marcel et à l’attaquer, lui, le marchand de tabac se sentit troublé et vaguement inquiet. Que lui voulaient-ils ? Il n’était ni assez sot pour croire qu’ils venaient là, simplement, en clients, ni assez naïf pour espérer que leur visite fut sans danger. Les récentes bizarreries et réticences de Suzanne, le départ précipité de son neveu et, surtout, le regard chargé de mépris que lui avait jeté le chef Langelier, la veille, étaient autant d’indices d’une catastrophe prochaine. Léon Sénécal avait peur. Oui, il avait peur, mais il était suffisamment maître de lui pour n’en rien laisser paraître, lorsqu’il s’avança au devant des nouveaux venus.

— Messieurs ? interrogea-t-il.

— Dis-moi donc, Sénécal, fit Bob, est-ce qu’on pourrait te dire deux mots en particulier ?

— Ben… je pense que oui. Qu’est-ce que vous voulez ?

Il regarda Bob d’abord, monsieur Bernard ensuite. Le calme imperturbable du premier, la lèvre narquoise du second, ne firent qu’augmenter son inquiétude.

— Monsieur Sénécal, dit Bernard, ce que nous avons à vous dire est extrêmement confidentiel. Dans votre intérêt, il vaudrait mieux que nous soyons sûrs de ne pas être entendus.