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LES LORTIE

de recueillir assez de voix pour faire ce nettoyage-là ; c’est toi Gaston !

— Ça, c’est toi qui le dis ! Et puis d’ailleurs, ce n’est pas une raison pour que je fasse une bêtise pareille. Pendant que je serai à l’hôtel de ville, occupé à faire les affaires des autres, mon fricot collera au fond de mes casseroles et je perdrai ma clientèle !

Il n’y avait déjà plus, dans la voix de Gaston, ce ton d’inébranlable conviction avec lequel il avait débité sa première tirade. Le boucher et le boulanger s’en rendirent compte et, tandis que monsieur Bernard, toujours muet et souriant, bourrait tranquillement sa pipe, les deux compères, sentant que l’heure était venue, que l’instant était propice, redoublèrent d’ardeur.

Puisqu’il fallait prendre la forteresse d’assaut, ils la prendraient. Il fallait que Gaston cédât !