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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

d’attrait : cette grâce lui viendra avec le temps, et lorsqu’elle sera dans un lieu propre à la recevoir. Cependant on conduit cette victime dans le temple les pieds et les mains liés, je veux dire dans la disposition d’une volonté contrainte, la bouche muette par la crainte et le respect d’un père qu’elle a toujours honoré. Au milieu d’une cérémonie, brillante pour les spectateurs qui y assistent, mais funèbre pour la personne qui en est le sujet, on la présente au prêtre, et l’on en fait un sacrifice qui, bien loin de glorifier Dieu et de lui plaire, devient exécrable à ses yeux et provoque sa vengeance.

« Ah ! chrétiens, continue Bourdaloue, quelle abomination ! Et faut-il s’étonner, après cela, si des familles entières sont frappées de la malédiction divine ? Non, non, disait Salvien, par une sainte ironie, nous ne sommes plus au temps d’Abraham, où les sacrifices des enfants par les pères