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ARTABAN II.

un autre, puisque sans cela Artaban ne saurait être l’oncle paternel du fils de Mithridate. J’ai cherché en vain cette difficulté dans plusieurs commentateurs de Justin, et même dans les notes du dernier traducteur français [1].

  1. Il prend le titre de monsieur D. L. M. Sa traduction a été réimprimée à Amsterdam en 1694, sur l’édition de Paris, en 1693.

ARTABAN II, roi des Parthes, n’étant encore que roi des Mèdes (A), fut appelé par les Parthes, afin qu’il régnât sur eux à l’exclusion de Vonones, qu’ils avaient été chercher jusqu’à Rome, et que Tibère leur avait accordé de fort bonne grâce [a]. Artaban était de la race des Arsacides, aussi-bien que Vonones, et il avait d’ailleurs l’avantage que l’éducation romaine ne le rendait pas odieux à ces peuples [b]. La première bataille fut heureuse pour Vonones ; mais il fut si maltraité à la seconde, qu’il fut obligé de s’enfuir en Arménie (B). Le victorieux Artaban ne l’y laissa pas en repos : et comme Tibère ne promettait point à Vonones la protection qui lui était nécessaire [c], celui-ci se vit contraint de sortir de l’Arménie, et de se retirer au près de Silanus, gouverneur de Syrie. Cela affermit beaucoup sur la tête d’Artaban la couronne qu’il avait obtenue environ l’an 769 de Rome, et le 16 du Ier. siècle. Il ne laissa pas d’être inquiet du séjour de son rival dans la Syrie [d] ; car le commerce des nouvelles étant plus aisé entretenait les factions : ainsi il envoya une ambassade à Germanicus, pour le renouvellement de l’alliance, et, en attendant, il demanda que Vonones fût renvoyé hors de la Syrie. On ne sait point les suites de cette ambassade ; mais on sait qu’après la mort de Germanicus, le roi des Parthes devint fier envers les Romains, et cruel envers ses peuples [e]. Les heureux succès de la guerre qu’il avait faite à plusieurs nations voisines lui avaient enflé le courage ; de sorte que, sans aucun égard pour Tibère, dont il méprisait les cheveux blancs, il s’empara de l’Arménie (C), et la donna à Arsaces son fils aîné (D). Il envoya redemander tous les trésors que Vonones avait laissés dans la Syrie et dans la Cilicie [f] ; et faisant le rodomont, il publia que, si l’on ne lui rendait pas tout ce que Cyrus et Alexandre avaient possédé, il l’irait prendre par force. Les mécontens de sa cour députèrent secrètement à Tibère, pour lui demander Phrahate, fils du roi Phrahate [g]. On le leur accorda très-volontiers ; et lorsqu’on eut su que ce prince, voulant vivre à la manière des Parthes, dont il était désaccoutumé depuis long-temps, était mort de maladie, on lui substitua Tiridate, qui était de la maison des Arsacides, et proche parent de Phrahate ; et l’on suscita un autre adversaire à Artaban, savoir Pharasmane roi d’Ibérie. Artaban eut du dessous de ce côté-là ; car après que son fils Arsaces,

  1. Joseph., Antiq., lib. XVIII, cap. III.
  2. Tacit., Annal., lib. II, cap. II.
  3. Id., ibid., cap. IV.
  4. Id., ibid., cap. LVIII.
  5. Tacit., Annal., lib. VI, cap. XXXI.
  6. En l’an de Rome 788.
  7. Tacit., lib. VI, cap. XXXII et seq.