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ARTAXIAS II.

verainement [a]. Ils ne manquèrent pas de profiter de sa complaisance ; et lorsqu’il eut été vaincu par les armées romaines, ils se soumirent aux vainqueurs, qui leur donnèrent le titre de rois [b] ; et depuis cela, ils s’agrandirent le plus qu’ils purent aux dépens de leurs voisins. Tigrane, qui fit tant parler de lui durant les guerres de Mithridate, dont il avait épousé la fille, descendait d’Artaxias. Plutarque raconte qu’Annibal, s’étant retiré chez Artaxias, après la défaite d’Antiochus, lui donna mille bons conseils, et qu’ayant trouvé qu’un lieu, dont on ne tenait aucun compte, était très-propre à y bâtir une ville, il y en traça le plan, y mena Artaxias, et l’exhorta à la bâtir. Artaxias goûta fort la proposition, et pria Annibal de se charger de la conduite de l’ouvrage : il obtint ce qu’il souhaitait, et de là sortit une grande et belle ville, qui, à cause de lui, fut nommée Artaxata [c]. Voilà tout ce que je trouve dans les deux auteurs que le Supplément de Moréri a cités [d] ; car pour la révolte contre son prince légitime, causée par la confiance que l’on avait en l’amitié des Romains [e], je n’y en vois ni ombre, ni trace, non plus que de l’emploi de toutes sortes de moyens pour se maintenir dans l’usurpation, ni de sa mort dans les prisons d’Antiochus Épiphanes. Ce sont de pures chimères par rapport aux citations.

  1. Strabo, lib. XI, pag. 366. Voyez aussi pag. 364.
  2. Plutarque et Strabon, pag. 364, et Stephanus in Ἀρτάξατα, donnent ce titre à Artaxias.
  3. Plutarch., in Lucullo, pag. 513 : il l’appelle Ἀρταξας. Voyez aussi Strabon, pag. 364.
  4. Plutarc., in Lucullo. Strabo, lib. XI.
  5. Straboo dit expressément ἦρχον οὗτοι τοῦ βασίλεως ἐπιτρέψαντος. Hi regis permissu imperaverunt.

(A) Il partagea l’Arménie avec un des autres généraux d’Antiochus-le-Grand. ] Dans les éditions de Strabon, il est nommé Θαριάδης en un lieu [1], et Ζαρίαδρις, ou Ζαδρίαδρις, en un autre [2]. Il était facile à ceux qui ont présidé à ces éditions de mettre partout le même mot ; et je m’étonne que Casaubon n’ait point fait de note sur cela : il en a fait qui ne sont pas plus importantes.

  1. Pag. 364, edit., an. 1587.
  2. Pag. 366.

ARTAXIAS II, roi d’Arménie, fils aîné d’Artavasde, comme nous l’avons déjà dit [a], fut proclamé roi par les troupes de son père (A), après que celui-ci eut été fait prisonnier avec sa femme, et avec ses autres enfans [b]. L’aîné tâcha de se maintenir contre Marc Antoine, et lui donna bataille ; mais il fut battu, et contraint de s’enfuir au pays des Parthes. Il rentra depuis dans l’Arménie, et y régna : ce fut sans doute après la prise d’Artavasde, roi de Médie ; car, avant que les Parthes eussent pris ce roi [c], ils en avaient été battus, et Artaxias avait eu part à cette disgrâce. Il déplut tellement à ses sujets, qu’ils l’accusèrent à Rome, et qu’ils demandèrent pour roi, Tigrane son cadet [d]. Auguste, qui avait auprès de lui ce Tigrane, le leur envoya, et don-

  1. Dans Artavasde II.
  2. Dio, lib. XLIX.
  3. Idem., ibid., sub finem.
  4. Dio, lib. LIV. Tacit., Annal., lib. II, cap. III. Voyez la remarque (B) de l’article Artavasde II.