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AUDEBERT.

la chambre du roi ; qu’il nous reste de lui une Histoire de France écrite avec un désintéressement qui lui a attiré les louanges de tous les auteurs contemporains, et de ceux qui sont venus après lui ; qu’on regarde son ouvrage comme un chef-d’œuvre en fait d’histoire, et que quelques auteurs en font même plus de cas que de celle de M. de Thou, qui est cependant fort estimée ; qu’Otton remarque que, lorsque dans son histoire il en est à la mort de ce grand prince[1], il dit que la plume lui tombe des mains, et qu’il n’a plus la force de rien écrire ; que cette histoire est en deux volumes in-folio ; qu’elle a été revue, corrigée par ses soins, et imprimée sur un très-beau papier et en de très-beaux caractères, à Maillezais, dont il était gouverneur ; que Constant, son fils, vice-roi des Îles d’Amérique, où il passa en 1643, était père de madame de Maintenon et de M. le comte d’Aubigné dernier mort, chevalier des ordres du roi et gouverneur de Berri [2]. Dans le Mercure Galant du mois de février 1705[3], on a corrigé la faute touchant le nom de baptême de d’Aubigné. On a dit qu’il se nommait Agrippa et non Jean. On a dit aussi que son Histoire universelle est en trois volumes, que le troisième est rare, et a été imprimé à Loudun ; qu’il a pris soin de composer lui-même sa Vie, dont il y a un manuscrit à Paris, écrit de sa main, et que c’est une pièce curieuse. Le marquis de Tigni, frère de M. l’évêque de Noyon, est le chef de la branche aînée de la maison d’Aubigné, et père de M. le comte d’Aubigné, à qui le roi a donné le régiment royal[4].

  1. Henri IV.
  2. Il n’a laissé qu’une fille qui est mariée à M. le duc de Noailles.
  3. Mercure Galant, février 1705, pag. 207
  4. Mercure Galant, janvier 1705, pag. 232, 233.

AUDEBERT (Germain), président en l’élection d’Orléans [* 1], a été un homme de beaucoup de mérite, et bon poëte latin, au XVIe. siècle. Il fut disciple d’Alciat, à Bologne, pendant quelques années, et il revint d’Italie si satisfait du pays, et des gens qu’il y avait pratiqués, qu’il employa tout l’art de sa poésie à la description de Rome, à celle de Venise et à celle de Naples [a]. Ces trois poëmes ont été insérés au premier volume des Délices des poëtes de France. On verra ci-dessous de quelle manière les Vénitiens récompensèrent la description de leur ville. Il avait composé d’autres poëmes, qui auraient pu être communiqués au public, si son fils, qui était conseiller au parlement de Bretagne, lui eût survécu quelque temps [b]. Scévole de Sainte Marthe a fait l’éloge de notre Audebert, avec son éloquence ordinaire. Il lui a donné les qualités les plus essentielles à un honnête homme. M. Moréri a fidèlement rapporté le précis de cet éloge. Je ne doute point qu’il n’ignorât les conséquences avantageuses que les protestans ont tirées de ce chapitre de Scévole de Sainte-Marthe, pour justifier d’une horrible accusation d’un de leurs plus illustres ministres. On ne saurait assez déplorer, ou la malice, ou l’ignorance de l’homme, quand on songe [* 2] que Théodore de Bèze a été accusé d’une infamie abominable, sur un fondement aussi frivole que l’est son épigramme, de suâ in Candidam et Audebertum benevolentiâ.

  1. * Il ne fut jamais président, dit Leclerc, c’est ce qu’on voit par son épitaphe rapportée dans la remarque (B).
  2. * Tous les honnêtes gens, dit Joly, souscriront sans peine à cette réflexion.
  1. Sammarthanus, Elogior. lib. II.
  2. Relictis, præter ea quæ commemoravi poëmata, Silvarum aliquot libris qui lucem expectare poterant ab ejus hærede, etc., Sammarthanus, Elogiorum lib. II.