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AVENTIN.

quam ex ipso autographo recitavi lib. 2, contra Calvinianum Replicatorem cap. 19[1]. Coeffeteau n’a point su cette particularité ; néanmoins il a soutenu hautement qu’Aventin était hérétique : Quant à ce, dit-il[2], que du Plessis fait Aventin de profession romaine, nous ne l’accorderons jamais. Son langage le découvre, et on voit par toutes ses Annales comme la passion le transporte contre le saint siége. C’est pourquoi, pour le trancher court, tout ce qu’on nous objecte de lui ne vaut pas une feuille de chêne de réponse que l’imposteur Benno, sur les mémoires duquel il a écrit la Vie de ce pontife[3]. Aventin a été traité d’auteur luthérien dans l’Indice des livres défendus : Fromond, néanmoins, ne le croit pas hérétique, mais seulement semblable à Érasme, en fait de parler trop librement contre les défauts des moines : Liberrimæ enim linguæ (hæreticæ dicere non ausim, neque puto) et planè Erasmicæ in monachorum et ecclesiasticorum vitia fuit Aventinus [4]. Plus etiam nimio favens schismaticis, et parùm integrâ fide res rom. pontificum prodidisse perhibetur, ideòque meruit in classe auctorum cautè legendorum ab Indice expurgatorio recenseri. Les plus vastes mémoires ne savent pas tout ce qui est assez commun. J’en vais donner un exemple. Conringius avait oublié que ceux qui publièrent à Ingolstad les Annales d’Aventin en retranchèrent ce qui ne leur paraissait pas d’un bon catholique[5]. Libri ejus, dit-il[6], post mortem demùm ab ipsis pontificiis Engolstadii sunt editi, ut hinc appareat primos saltem editores non improbâsse quæ ibi reperiantur. Il avoue qu’Aventin entretenait commerce de lettres avec plusieurs protestans, et nommément avec Mélanchthon, et qu’il penchait de leur côté, ce qui n’empêcha pas qu’il ne mourût dans la communion romaine. Vixit superiori seculo quandò maxima illa sacrorum mutatio fieret, et multa pontificiæ religionis dogmata improbavit. Per litteras familiaritatem coluit cum protestantium nonnullis, et cum Philippo quoque Melanchthone : reperire tamen non potui reliquisse eum penitùs ecclesiam romanam utut in protestantes videatur propensior ; vixit enim et mortuus est in illâ ecclesiâ, sepultusque Reginoburgi in monasterio sancti Emerami ceremoniis pontificiæ ecclesiæ usitatis [7]. Je remarque qu’on peut comparer fort justement le sort d’Aventin avec celui de Fra-Paolo.

(I) La plupart des autres écrits de cet auteur n’ont pas été imprimés [* 1]. ] Vossius remarque qu’Aventin apprend à ses lecteurs, dans la page 236 de ses Annales (c’est la 344 dans l’édition de 1580), qu’il avait publié l’Histoire d’Oetingen, ville de Suabe, publicatæ à se Historiæ Utinensium meminit[8]. Gesner n’a point fait mention de cette histoire, il n’a parlé que d’une Grammaire publiée par Aventin, l’an 1519, et d’un livre touchant la manière de compter sur ses doigts, publié à Ratisbonne, l’an 1532, auquel l’auteur avait joint le sommaire d’un grand ouvrage, qui ne demandait que le secours d’un Mécène pour sortir de dessous la presse. Voici le titre du livre, imprimé en 1532 : Numerandi per digitos manusque (quinetiam loquendi) veterum consuetudinis Abacus, sive Explicatio ex Bedâ cum picturis et imaginibus, unà cum capitibus rerum quibus illustrabitur Germania ab Aventino, modo contingat benignus Mecænas. Gesner rapporte le précis de ce grand ouvrage d’Aventin. On connaît par-là que cet auteur avait formé un plan très-beau et très-vaste pour illustrer les antiquités d’Allemagne. La seule vue générale des matières qu’il embrassait est capable d’étonner. Voyez la lettre qu’il écrivit à Vadianus, l’an 1530 [9]. Il devait publier bientôt une Chronique semblable à celle d’Eusè-

  1. * Joly dit qu’on trouve un catalogue exact des ouvrages d’Aventin dans la Bibliotheca mediæ et infimæ latinitatis, de Fabricius.
  1. Gretser, in Examine Mysterii Plessæani, cap. XLV, pag. 354.
  2. Coeffeteau, Réponse au Mystère d’Iniquité, pag. 676.
  3. Savoir Grégoire VII.
  4. Libert., Fromondus, in lib. de Orbe Terræ immobil., pag. 24, 25.
  5. Voyez la remarque (C).
  6. Conringius, apud Magirum, Eponymolog. Critic., pag. 90.
  7. Idem, ibidem.
  8. Vossius, de Hist. latinis, pag. 655.
  9. C’est la XLIXe. de la centurie publiée par Goldast.