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AURÉLIEN.

aux environs de Plaisance [a], et s’ils eussent entendu l’art militaire aussi bien que lui, ils eussent été capables de ruiner l’empire après une telle défaite ; mais comme ils n’en surent pas profiter, et qu’ils ne marchèrent point serrés, il les défit en plusieurs rencontres, et les réduisit à rien [b]. Ce fut pendant cette guerre, que l’on consulta dans Rome les livres de la sibylle : il faudra que j’en rapporte quelques circonstances, qui feront connaître la religion d’Aurélien, et l’irréligion de ses flatteurs (F). Il poursuivit apparemment les ennemis jusqu’en Allemagne, et il fut obligé de s’y arrêter quelque temps, pour repousser les Vandales, qui avaient passé le Danube. Il les vainquit, et les obligea à lui demander la paix, et il fut bien aise de la leur donner [c]. Il retourna à Rome plein de colère, à cause des séditions qui s’y étaient élevées, et il les punit avec une extrême cruauté [d]. C’était son vice dominant ; et ce fut à cause de cela, que plusieurs ne voulurent point le mettre entre les bons princes, et qu’au dire de Dioclétien, il était plus propre à commander une armée, qu’à être empereur (G). Il faut néanmoins prendre garde que son naturel sanguinaire ne l’empêcha point de se faire aimer du peuple : sa libéralité, et le soin qu’il prit de maintenir l’abondance et de châtier les malversations, firent oublier sa cruauté (H). Il entreprit l’expédition du Levant, contre Zénobie [e], dès qu’il eut puni les séditieux, et rétabli l’ordre dans Rome [f]. Il termina cette guerre par la prise de cette brave princesse ; il la termina, dis-je, assez promptement, quoiqu’il trouvât en son chemin plusieurs ennemis à combattre, et plusieurs villes à réduire. Nous avons vu ailleurs [g] ce qui l’empêcha de ruiner celle de Tyane. Il s’exposa tellement, lorsqu’il assiégeait Zénobie dans la ville de Palmyre, qu’il fut blessé d’un coup de flèche [h]. Il battit les Perses, qui étaient venus au secours des assiégés, et l’on ne saurait exprimer la réputation qu’il s’acquit par la conquête de tous les états de Zénobie [i]. Comme il s’en revenait en Occident, il apprit que les Palmyréniens s’étaient soulevés. Cette nouvelle le fit retourner en Syrie, et il arriva à Antioche avant qu’on sût qu’il venait [j]. Il châtia Palmyre avec une cruauté énorme, car il y fit tout passer au fil de l’épée [k]. Il était encore à Cares dans la Mésopotamie lorsqu’il apprit le soulèvement des Égyptiens. Il marcha contre eux avec son bonheur et sa diligence ordinaires : il défit leur chef, il le prit, il le

  1. Vopiscus, in Aureliano, cap. XXI.
  2. Tiré de M. de Tillemont, Hist. des Empereurs, tom. III, pag. 1030 et suiv. Il cite Dexippe principalement. Voyez aussi ses notes.
  3. Voyez Tillemont, le même.
  4. Voyez la remarque (H).
  5. En 272.
  6. Vopisc., cap. XXII.
  7. Dans la remarque (E) de l’article Apollonius de Tyane.
  8. Vopiscus, in Aureliano, cap. XXVI.
  9. Voyez dans Tillemont, Hist. des Empereurs, tom. III, pag. 1055, la liste des peuples qui lui envoyèrent des présens. Voyez aussi ci-dessous la citation (61).
  10. Tillemont, Hist. des Emper., tom. III, pag. 1056.
  11. Voyez la remarque (L).