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EURIPIDE.

illum et hujusmodi amoribus addictum fuisse ferunt. Alii verò, ad uxorem Nicodemi Arethusii [1]. Voilà les choses dont j’ai prétendu parler dans le texte de cette remarque.

(P) Archélaüs le fit enterrer magnifiquement. ] Ces paroles d’une épitaphe d’Euripide, Ἀλλ᾽ ἔμολες Πελλαῖον ὐπ᾽ ἠρίον, cæspite Pelleo ast tegeris ; ont sans doute donné lieu à M. Barnes de dire que le roi de Macédoine voulut que ce poëte fût enterré dans sa ville capitale. Designaverat inter Macedonicorum regum tumulos Euripidem reponere, atque ita paulò post in urbe Pellâ quam nonnulli Berœam putant, Macedoniæ metropoli nobile illi extructum sepulchrum [2]. Voyez ci-dessus le passage de Solin [3], et joignez-y celui d’Aulu-Gelle, que je m’en vais rapporter. Il témoigne en même temps la vénération que l’on avait pour Euripide dans Athènes et dans la Macédoine. Les Athéniens envoyèrent une ambassade en Macédoine, pour avoir ses os, et ne purent les obtenir. Sepulchrum autem ejus et memorian Macedones eo dignati sunt honore, ut in gloriæ quoque loco prædicarent, οὔποτε σον μνῆμα Εὐριπίδης ὤλετο ποῦ, quòd egregius poëta morte obitâ sepultus in eorum terrâ foret. Quamobrem quùm legati ad eos ab Atheniensibus missi petîssent, ut ossa Athenas in terram illius patriam permitterent transferri, maximo consensu Macedones in eâ re denegandâ perstiterunt [4]. Il paraît par un passage de Vitruve [5], que le tombeau d’Euripide était en rase campagne, sur le confluent de deux petites rivières dont les eaux se ressemblaient peu. L’eau de l’une était mortelle, et celle de l’autre était si bonne que les voyageurs choisissaient ce lieu pour y dîner. Pourrait-on dire cela, si le tombeau d’Euripide eût été dans la ville capitale de Macédoine ? Et en ce cas-là, Vitruve et Pline [6] n’eussent-ils point mieux marqué la situation de ces deux rivières ? N’eussent-ils point dit qu’elles passaient, ou par la ville de Pella, ou tout auprès ? Et Plutarque aurait-il dit que ce poëte fut enterré proche d’Aréthuse [7] ? La foudre tomba sur le tombeau de ce poëte, ce qui fût regardé comme un accident glorieux, parce qu’il n’y avait eu que Lycurgue à qui une pareille chose fût arrivée : Ὥςε ἀπολόγημα καὶ μαρτύριον μέγα εἶναι τοῖς ἀγαπῶσιν τὸν Εὐριπίδην, τὸ μόνῳ συμπεσεῖν αὐτῷ μετὰ τελευτὴν : καὶ γενέσθαι ἃ τῷ θεοϕιλεςάτῳ καὶ ὁσιωτάτῳ πρότερον συνέπεσε. Hoc quidem suppetit magnum argumentum et testimonium studiosis Euripidis, quòd soli ei post fata evenerit et delatum fuerit illud, quod Diis gratissimo, et sanctissimo viro antè evenerat [8]. Les Athéniens, n’ayant pu avoir les os d’Euripide, lui dressèrent un superbe cénotaphe [9] qui subsistait encore du temps de Pausanias. Ceux qui ont dit que les Argiens lui en dressèrent aussi un se sont lourdement trompés. Cœlius Rhodiginus, et ab eo deceptus Lilius Giraldus, aliud Euripidis sepulchrum memorat in medio Argivorum foro ; et Palinthum nuncupatum ex Strabone refert ; sed optandum est ut inter tot lectiones antiquas nullos novos errores proseminaret Cœlii incuria, nam Strabo [10] hoc sepulchrum Danai fuisse ait, quanquam eodem loci Euripidem authorem laudat [11].

(Q) Philémon,... déclara qu’... il se pendrait pour aller jouir de la vue d’Euripide. ] Les vers de ce tendre, mais un peu trop mécréant ami, méritent d’être rapportés. Tantoperè autem Philemon eum adamavit, ut hæc de eo dicere non dubitaverit :

Εἰ ταῖς ἀληθείαισιν οἱ τεθνηκότες
Αἴσθησιν εἶχον ἄνδρες, ὡς ϕασίν τινες,
Ἀπηγξάμην ἂν, ὥς᾽ ἰδεῖν Εὐριπίδην.

Si sensum haberent mortui, ut quidam volunt,

  1. Suidas, in Εὐριπίδης.
  2. Barnes., in Vitâ Euripidis, pag. 32.
  3. Citation (82).
  4. Aulus Gellius, lib. XV, cap. XX,
  5. Lib. VIII, cap. III, pag. m. 163.
  6. Lib. XXXI, cap. II, sub fin.
  7. Plut., in Lycurgo, sub fin., pag. 59.
  8. Plut., ibidem.
  9. Pausanias, lib. I, pag. 2.
  10. Lib. VIII, pag. 256.
  11. Barnes., in Vitâ Euripid., pag. 33. Il cite Celius Rhodigin. Antiq. Lect., lib. XXIII, cap. X, et Gyraldus, Poët. Hist., dial. VII, folio 268. Je n’ai point trouvé cela dans mon édition de Rhodiginus, (qui est de Francfort, 1666,) au lieu marqué. Il fallait citer lib. XXIV, cap. X.