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MAJORAGIUS.

paulò antè explicuerat, et aliorum scriptis locupletari voluit ; Bononiæ quoque dum ibi Bartholomæus Socinus, deindè Carolus Ruinus profiterentur, auditores aluisse dicitur, qui eorum descriptas lectiones ad se referrent : id et ejus commentaria ostendunt, et Ruinus sæpè publicè deploravit, qui mutatâ per indignationem sententiâ, surreptus opiniones confutare consueverat[1].

(H) Sa réponse à Louis XII a été mal rapportée par M. Moréri. ] « Paul Jove..…. ajoute que le roi Louis XII lui ayant demandé à sa présence, pour quelle raison il ne s’était jamais marié ; il répondit qu’il s’était persuadé qu’à la sollicitation de sa majesté, le pape Jules II le ferait cardinal[2]. » Ce n’est pas traduire comme il fallait ces paroles de Paul Jove : Me audiente, interrogatus à Ludovico, Gallorum rese, cur nunquàm duxisset uxorem, ut te commendante, inquit, Julius pontifex ad purpureum galerum gestandum me habilem sciat[3]. Mais on ne laisse pas de connaître dans cette mauvaise version, que Mainus avait souhaité le chapeau de cardinal. Il ne lui servit de rien de découvrir le secret de son ambition. Hoc responso animi quidem secretum ostendit, sed nunquàm voti compos factus est[4]. Voila ce que dit Panzirole, après avoir dit ce que l’on va lire : In domestico colloquio ab eodem (rege) interrogatus Jason, cur nunquàm uxorem duxisset, ut tua , inquit, amplissime rex, opera Julius pontifex me ad purpureum galerum promovere possit[5].

(I) Il est auteur de plusieurs livres. ] D’un commentaire sur les Pandectes, et sur le code de Justinien, outre quatre volumes de réponses, et l’explication du titre de Actionibus[6]. Il compilait beaucoup ; mais il ne comprenait pas toujours ce qu’il empruntait des autres[7]. Jason non multi ingenio acutus ob hæsitationem indecisos quandoque articulos reliquit, nec semel malè percepta aliorum argumenta recitat, ac in referendis receptis opinionibus, quæ communes vocantur, non nunquàm decipitur. Vir alioqui laboriosus, et in cumulandis aliorum dictis diligens, [* 1] quicquid enim legebat, scriptis mandabat, unde à solo calamo juris studiosum adjuvari dictitabat, et se, quantùm studebat, tantùm scribere referebat.

(K) Il étudiait à la chandelle en plein jour. ] J’ai ouï dire cela de quelques autres savans, et je suis bien aise de le trouver imprimé touchant Jason Mainus[8]. On devine facilement la raison de cette conduite : il y a de certains esprits qui ne peuvent rien produire s’ils ne se recueillent, s’ils ne se concentrent en eux-mêmes ; et ils ont beaucoup de peine à prévenir les distractions. C’est pourquoi il faut qu’ils dérobent à leurs yeux la diversité des objets que le grand jour leur présente.

  1. (*) Hieron. Buttigel., in t. 1, § si quis simpliciter. n 9. ff. de ver. oblig.
  1. Panzirol., de claris Legum Interpretibus, pag. 285.
  2. Moréri, au mot Mayni.
  3. Jovius, in Elog., cap. LXVI, p. 154.
  4. Panzirol., pag. 288.
  5. Conférez avec ceci la réponse d’Allatius, rapportée dans son article, remarq. (D), tom. I. pag. 456.
  6. Panzirol., pag. 282.
  7. Ibidem, pag. 285.
  8. Linteo capiti obvoluto, etiam meridie occlusis fenestris ad accensum lumen elucubrare consueverat, ne cœli claritate mentem evagari sineret. Panzirol., pag. 285.

MAJORAGIUS (Marc-Antoine), professeur en éloquence à Milan, au XVIe. siècle, s’acquit beaucoup de réputation par la politesse de son style, et par son habileté dans les belles-lettres [* 1]. Il étudia à Côme sous un professeur qui était son proche parent (A) ; après quoi il s’en alla à Milan, où il trouva un patron[a] chez qui il logea cinq années, si appliqué à l’étude qu’il en pensa perdre la vie (B). Il se mit en tête de faire revivre la coutume de déclamer, qui faisait qu’anciennement la jeunesse se trouvait si tôt capable

  1. * Voyez ce que dit Leclerc à l’occasion de l’article Mainus, ci-dessus, pag. 138.
  1. Nommé Lancelot Fagniant.