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MALDONAT.

lége de Bourges, pour s’y appliquer tout entier à des commentaires sur l’Écriture. Il fit un songe que l’événement confirma (G). Étant allé à Rome par ordre du pape, pour travailler à l’édition de la bible grecque, il y acheva son commentaire sur les évangiles, et le présenta au général Aquaviva, le 21 de décembre 1582. Un peu après il tomba malade précisément selon son songe, et fut trouvé mort dans son lit la veille des rois 1583. Il n’y a point de doute qu’une trop ardente application à l’étude ne lui ait abrégé les jours. Il composa quantité de livres (H), qui témoignent qu’il avait beaucoup de capacité [a]. M. de Thou lui donne de grands éloges (I). Quelques protestans lui en donnent aussi beaucoup [b] ; mais ils se plaignent des emportemens de sa plume. Quelques autres en parlent avec le dernier mépris (K). On a fait plus de vacarme que la chose ne méritait, sur une de ses leçons touchant l’existence de Dieu ; et je m’étonne que Pasquier n’ait pas compris la faiblesse (L) de cette objection.

  1. Tiré de Natanaël Sotuel, Bibl. Script. societ., pag. 473 et seq.
  2. Voyez Pope Blount, Censura autorum, pag. m. 535.

(A) Jésuite espagnol. ] Le lieu de sa naissance s’appelle las Casas de la Reina : il est situé proche de Léréna dans la province d’Estramadure [* 1], et appartient au grand-maître des chevaliers de Saint-Jacques. Maldonat atteste toutes ces choses dans un écrit signé de sa main, qui est conservé à Rome dans des archives des jésuites [1]. Ainsi George Cardose [2], M. de Thou [3], et M. Thiers [4] se trompent quand ils le font Portugais. Alegambe ne connaissait pas ceci trop exactement ; car il nomme la patrie de Maldonat Fuente del Maestro in ditione Zafrensi [5]. Nicolas Antonio [6] la nomme de même. M. Moréri a perverti ce nom en celui de Fruente deli Maestro.

(B) Il y enseigna ensuite la théologie. ] Je n’ai pas voulu dire qu’il l’y enseigna pendant dix ans tout entiers, encore que Sotuel l’assure [7] ; car j’ai trouvé cela un peu embrouillé. Cet auteur débite que Maldonat enseigna d’abord la philosophie à Paris, où il avait été envoyé l’an 1563, et qu’il alla à Poitiers environ l’an 1570, et qu’ensuite il fit une course en Lorraine. On ne nous parle plus de ses leçons en théologie : où prendrons-nous donc les dix années ? Sotuel aurait dû dire qu’après le voyage de Lorraine Maldonat recommença à professer au collége de Paris. Maldonat régenta d’abord la philosophie, et commença de le faire l’an 1564 [8]. Il employa deux ou trois ans à cela : un cours de philosophie ne durait guère moins alors [* 2]. Il enseigna ensuite la théologie, et en acheva le cours dans quatre ans. Tradidit ille primùm totam theologiam compendio annis quatuor [9]. Nous voilà au temps qu’il fut envoyé à Poitiers. Or comme un ministre [10], qui avait changé de religion pendant le massacre de la Saint-Barthélemi, l’accompagna au voyage de Lorraine, nous ne pouvons placer ce voyage avant le mois de septembre 1572. Il

  1. * Tout en trouvant juste la remarque de Bayle, la Bibliothéque française, XXX, 3, dit que comme il y a deux Estramadures, Bayle aurait dû ajouter que Léréna est dans l’Estramadure espagnole.
  2. * Joly dit que le cours de Maldonat, commencé le 24 février 1564, ne dura que deux ans.
  1. Tiré de Natanaël Sotuel, Biblioth. Script. societ., pag. 473.
  2. In Agiologio, ad diem 6 januarii, apud Sotuel, ibidem, pag. 475.
  3. Thuan., lib. LIII, pag. 1088.
  4. Thiers, Dissertations sur saint Firmin, pag. 18.
  5. Alegambe, Biblioth. Script. societ. Jesu, pag. 255.
  6. In Bibliothecâ Scriptor. hispan., tom. I, pag. 558.
  7. Totos decem annos theologiam professus est. Sotuel. Biblioth. Script. societ., pag. 474.
  8. Richeome, Plainte apologétique, pag. 33.
  9. Sotuel, Biblioth. Scriptor. societ. Jesu, pag. 474.
  10. Du Rosier. Voyez M. de Thou, l. LIII, pag. 1088.