Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
MARCHE.

si peu vrai que celui-ci ait mis au jour les cinq premiers livres, qu’encore aujourd’hui les treize premiers nous manquent, comme Moréri l’avait dit peu auparavant. M. de Valois loue l’édition d’Accurse, mais il donne des éloges magnifiques à celle de Gélénius ; ce qui fait que je m’étonne que Vossius qui parle avec approbation de celle-là, ne dise quoi que ce soit de celle-ci. Il est extrêmement sec, je ne sais pourquoi, sur l’article de notre Ammien Marcellin. Accurse, qui se vante d’avoir corrigé cinq mille fautes dans cet auteur, est loué par Claude Chifflet, mais d’ une façon générale, et qui laisse dans l’oubli son plus bel endroit, je veux dire la publication des cinq derniers livres. N’est-il pas bien étrange que Chifflet ne dise rien de cela, et que cependant il donne la gloire à Gélénius d’avoir été le premier qui ait publié les livres XXVII, XXVIII, XXIX et XXX ? Il observe que Sébastien Gryphius inséra dans son édition la fin du XXXe. livre, et fut le premier qui la publia. M. de Valois n’a point touché le premier de ces deux faits, et il a réfuté le second, en disant qu’Accurse avait publié les cinq derniers livres. Le Toppi, dans sa Bibliothéque de Naples [1], attribue faussement à Mariangelus Accurse d’avoir publié le sixième livre d’Ammien Marcellin, et ne dit pas qu’il donna cinq livres de cet historien, qui n’avaient pas encore paru. M. de Valois le jeune, publia notre Ammien à Paris, l’an 1681, in-folio. On ne devait pas omettre cela dans le Dictionnaire de Moréri. Cette édition est augmentée, 1°. de plusieurs nouvelles notes de M. de Valois l’aîné ; 2°. de celles que Lindenbrog avait publiées en 1609, et de celles qu’il y avait jointes depuis ; et qui avaient été trouvées parmi ses papiers ; 3°. de la Vie d’Ammien Marcellin par Claude Chifflet, professeur en droit à Dôle ; 4°. de quelques corrections et observations de M. de Valois le jeune. M. Gronovius a fait réimprimer à Leyde cette édition [2], l’an 1693, et y a joint de bonnes notes.

  1. Pag. 170.
  2. In-folio et in-4°.

MARCHE (Olivier de la), fils d’un gentilhomme de la Franche-Comté [a], fut mis page chez le duc de Bourgogne Philippe-le-Bon, l’an 1439, à l’âge d’environ treize ans [b] (A). Il servit ce prince et le duc Charles son successeur avec un grand zèle, et il fut maître d’hôtel et capitaine de la garde de ce dernier [c]. Il encourut l’indignation de Louis XI, lorsqu’on arrêta prisonnier dans la Hollande le bâtard de Rubempré, l’an 1463 (B). Il fut l’un des chevaliers [d], qui furent créés par le comte de Charolais [e] à la journée de Montlhéri, l’an 1465. Il tomba entre les mains des ennemis à la malheureuse journée de Nanci [f], où son maître perdit la vie au commencement de janvier 1477. Ayant payé sa rançon il fut mis en liberté, et on lui donna la charge de grand et premier maître d’hôtel de Maximilien d’Autriche qui épousa l’héritière de Bourgogne [g]. Il eut la même charge sous l’archiduc Philippe, fils de Maximilien [h]. Il fut envoyé ambassadeur à la cour de France pour complimenter le nouveau roi après la mort de Louis XI [i]. Il composa des mémoires qui furent publiés à Lyon, l’an 1562 (C), in-folio, par les soins de Denis Sauvage,

  1. Olivier de la Marche, Mémoires, liv. I, chap. I, pag. m. 56.
  2. Là même, chap. IV, pag. 103.
  3. Là même, à la préface du Ier. livre, pag. 74.
  4. Là même, chap. XXXV, pag. 314.
  5. Fils de Philippe-le-Bon.
  6. Mém. d’Oliv. de la Marche, liv. II, chap. VIII, pag. 408.
  7. Là même, chap. IX, pag. 409.
  8. Là même, à la préface, pag. 1, et au chap. XIII du IIe. livre, pag. 423.
  9. Là même, liv. II, chap. X, pag. 415.