Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
MARETS.

M. des Marets dressa une relation de cette affaire : je ne sais pourquoi il ne l’a point publiée ; on y trouverait des choses curieuses. Dum altiùs in consilia et astutias jesuitarum penetrat, quàm voluissent, sibi accersivit novæ conjugis odium satis vehemens, et sensit Ducem pedetentim ad publicam pontificiorum communionem gradum sibi struere ; in quo moliendo per mille fraudes jesuiticas, annus 1634 et 1635 transacti sunt. Interesset ecclesiæ, specialem historiam istius defectionis à Maresio diligenter collectam, publici juris fieri : ut constaret quibus artibus egregius aliàs ille princeps, reformatam communionem deseruit, et ab illo tempore, non sinè occulto Dei judicio, in illas incidit calamitates continuas ; quibuscum quoad vixit, luctatus est [1]. M. de Puységur nous apprend que ce duc se fit catholique au mois de janvier 1636, et que pendant quelque temps cela ne fut su que de très-peu de personnes [2].

(F) Il laissa deux fils dont je parlerai. ] L’aîné naquit à Sedan, et fut présenté au baptême par Élisabeth de Nassau, duchesse de Bouillon, qui lui fit donner le nom de Henri, qui était celui du prince dont elle était veuve [3]. Il étudia en droit, et après y avoir pris ses licences, il commença à se préparer aux études du barreau, chez Charles des Marets son oncle, avocat célèbre au parlement de Paris. Il plaida même quelque cause avec beaucoup de succès, et néanmoins il abandonna tout d’un coup cette profession, pour se consacrer à l’étude de la théologie, et au ministère de la parole de Dieu. Voici le discours que lui tient son père dans une épître dédicatoire : Tu quidem, Henrice, tyrocinia posueras sacræ facundiæ in augustissimo parisiensi foro, ubi post licentiæ in utroque jure gradum susceptum, cœperas advocati munere defungi, sub auspiciis consultissimi et amplissimi fratris mei ; et bellè tibi prima illa publicè dicendi initia processisse, audivi ipse ex ore illustrissimi præsidis Belleuræi, cùm ad celsissimos Ordines Generales legatum extraordinarium regis christianissims ageret, siquidem ipso præside et judice in aliquâ causâ peroraveras et triumphaveras : adeòque postquàm tuopte nutu, nec sinè numine, me ab initio ob causas sæculares (quid dissimulem ?) dissuadente, et domino patruo tuo tandem consentiente, animum appulisti ad sacra studia, et corpus juris cum corpore scripturarum permutâsti, exemplo plerorumque virorum magnorum in veteri et renascente ecclesiâ, omnia faciliora expertus es [4]. Il fut reçu ministre l’an 1652, et il eut pour premier emploi celui de prêcher en français dans le temple académique de Groningue. La même année il fut appelé à Cassel, pour y être ministre de l’église française. Il fut appelé l’année suivante par l’église wallonne de Bois-le-Duc, et accepta cette vocation, quoiqu’il fût très-satisfait de la cour de Hesse, où il reçut de grands témoignages de bonté et de considération. Sylvæducenses… te, Henrice, ad se evocârunt Cassellis, ubi in aulâ serenissimi principis lantgravii (à quo et ægrè dimissus es, nec sinè specialibus benevolentiæ et beneficentiæ suarum serenitatum testimoniis) linguâ gallicâ fungebaris ministerio sacro, fermè à tempore tuæ hîc ad illud ordinationis [5]. Il servit église de Bois-le-Duc, jusques à ce qu’il accepta la vocation de celle de Delft l’an 1662. Depuis ce temps-là jusques à présent [6] il s’est attaché à Delft, et s’y est acquis l’estime de tout le monde. Il refusa en 1669 la vocation que l’église wallonne de Leyde lui adressa. Daniel des Marets, son cadet, naquit à Maestricht l’an 1635. Avant été reçu ministre, il fut collègue de son père dans l’église française de Groningue jusqu’en l’année 1656 ; après quoi il fut appelé à Middelbourg, et y servit l’église française jusques à ce que celle de la Haye l’eût appelé l’an 1662. Son esprit, son éloquence, son habileté, en un mot un grand mérite lui aquirent tant de considération à la cour de leurs altesses d’Orange, qu’on pouvait appeler cela proprement être en faveur.

  1. Vitæ professor. Groning., pag. 149.
  2. Puységur, Mémoires, tom. I, pag. 135, édition de Hollande.
  3. Sam. Maresius, epist. dedicatoria 3 editionis Systematis theologici.
  4. Ibidem.
  5. Idem, ibidem.
  6. On écrit ceci le 4 de février 1696.