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MÉLAMPUS.

des oiseaux, et qu’il apprenait d’eux ce qui devait avenir (E). On veut même que les vers qui rongent le bois aient répondu à ses questions [a]. Cependant ceux qui lui bâtirent un temple [b] après sa mort, et qui lui offrirent des sacrifices, et célébrèrent sa fête toutes les années, ne lui attribuèrent aucune espèce de divination [c]. Je réfuterais facilement la pensée dont on s’est servi pour prouver qu’il a prédit certainement les choses futures (F). Si les poëtes ne s’étaient pas égayés sur ce qui lui appartient, on se serait contenté de dire qu’il était un habile médecin (G) ; et si Stace avait parlé historiquement, nous devrions croire que Mélampus parvint à une grande vieillesse (H). Il laissa des enfans [d]. Hésiode l’avait loué dans un ouvrage qui s’est perdu [e].

(A) Il était fils d’Amythaon et d’Aglaïa. ] Voyez dans la remarque (A) de l’article Amphiaraüs la généalogie d’Amythaon. Il serait très-inutile de la répéter ici. Je dirai seulement que la mère de Mélampus, nommée Aglaïa par Diodore de Sicile [1], se nomme Eidomène dans Apollodore [2], qui ajoute qu’elle était fille de Phère, fils de Créthéus [3].

(B) Voilà comment il fut cause du mariage de son frère. ] La relation de Pausanias, que j’ai suivie, n’est point conforme à celle d’Apollodore, que je m’en vais abréger. Bias demanda en mariage Péro, fille de Nélée. Plusieurs autres la demandaient en même temps. Nélée leur déclara qu’il ne la marierait qu’à celui qui amènerait les bœufs de Phylaque, gardés par un chien dont aucun homme ni aucune bête n’osait s’approcher. Bias implora l’assistance de Mélampus qui lui promit de lui amener ces bœufs, après avoir demeuré un an en prison. Il fut pris effectivement comme il tâchait de faire ce vol : on le chargea de chaînes, et on le garda étroitement. Il avait déjà passé près d’une année dans cette captivité, lorsqu’il entendit le bruit que faisaient des vers qui rongeaient la poutre du toit. Il leur demanda combien ils en avaient rongé : ils répondirent qu’il ne leur restait à faire que peu de chose. Là-dessus il demanda qu’on le transportât dans un autre lieu : on le fit, et peu après on vit tomber la maison. Phylaque admira cela, et ayant su que Mélampus était un très-bon devin, il le mit en liberté, et lui demanda de quelle manière son fils Iphicle pourrait avoir des enfans. Le prophète promit ce qui dépendait de sa science, pourvu qu’on lui accordât les bœufs. Il fit quelques cérémonies pour évoquer les oiseaux : un vautour se présenta, qui lui apprit que Phylaque châtrant des beliers avait laissé proche d’Iphicle le couteau encore sanglant, et qu’Iphicle saisi de peur prit la fuite, et ficha dans un arbre ce couteau ; qu’il l’en fallait retirer, et en ôter la rouillure et la faire boire dix jours de suite à Iphicle dans du vin. Mélampus fit ce que le vautour lui indiqua : Iphicle devint père de Podarces, et le devin amena à Pyle les bœufs qu’il fallait donner à Nélée ; après quoi il fit célébrer les noces de Bias et de Péro, et s’arrêta à Messène [4].

Observons deux choses après Pausanias : l’une est qu’en ces siècles-là le plus grand soin des gens riches était d’avoir quantité de bœufs et

  1. Voyez la remarque (B).
  2. Il était dans une ville nommée Ægisthène, au pays de Mégare. Pausan., lib. I, sub fin.
  3. Καὶ θύουσι τῷ Μελάμποδι, καὶ ἀνὰ πᾶν ἔτος ἑορτὴν ἂγουσι· μαντεύεσθαι δὲ οὔτε δὶ ὀνειράτων αὐτὸν, οὔτε ἄλλως λέγουσι. Melampodi sacrum faciunt et festum diem quotannis celebrant : futura verò prædicendi neque è somniis neque ex ullâ ratione ei scientiam tribuunt. Idem, ibid,
  4. Voyez la remarque (H).
  5. Pausan., lib. IX, pag. 306.
  1. Diodor. Siculus, lib. IV, cap. LXX, pag. 258.
  2. Apollod., lib. I, pag. 45.
  3. Idem, ibidem, pag. 51.
  4. Tiré d’Apollodore, lib. I, pag. 47. Voyez aussi Homère, Odyss., lib. XV, pag. m. 462.