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MOLIÈRE. MOLIONIDES.

Qu’il me soit permis de n’effacer pas une chose que j’avais écrite avant que d’avoir pu consulter l’ouvrage de Republicâ emendandâ. La voici : « C’est sans doute pour ce livre-là que Modrévius reçut les louanges que l’on rapporte dans la Bibliothéque des anti-trinitaires [1]. C’est sans doute celui de ses livres qui fut traduit en français, en allemand et en espagnol. J’en parlerais plus affirmativement si j’avais en main la préface dont on rapporte un morceau dans cette Bibliothéque. Sandius, qui le rapporte, n’est pas excusable de nous laisser en suspens. Il devait employer une parenthèse pour déterminer la notion vague de ces paroles de Modrévius, est qui laudando librum meum dicat, etc. Je suis bien persuadé qu’elles sont très-claires dans l’original : ce qui les précède fait sans doute entendre quel est le livre dont il s’agit. Mais quand elles sont détachées de leur masse, elles sont obscures. C’était le devoir de Sandius d’y remédier ; et voilà un bon avis à ceux qui citent et à ceux qui prétendraient que j’allonge trop les citations. Je ne le fais qu’afin que chacun entende sans peine ce que je cite ». Ceux qui sauront juger des choses conviendront que j’ai pu laisser ceci dans l’état où je l’ai trouvé après avoir vu par la lecture de Modrévius, qu’il s’agit du livre de Republicâ emendandâ.

  1. À la page 37, ex præfatione Silvæ tertiæ Modrevii.

MOLIÈRE, fameux comédien. Cherchez Poquelin, tome XII.


MOLIONIDES. C’est ainsi qu’on nomme deux frères qui ont bonne part à l’histoire fabuleuse. Ils étaient fils d’Actor et de Molione (A), et se nommaient l’un Eurytus, l’autre Ctéatus. Quelques-uns prétendent qu’Actor n’était que leur père putatif, et que Neptune était leur vrai père [a]. D’autres, tout au rebours, font passer Actor pour le vrai père, et Neptune pour le putatif [b]. On a pu voir sous le mot Actor, que celui dont je parle ici régnait dans l’Élide conjointement avec Augias. Les Molionides étaient les plus braves de leur temps, et ce fut à eux qu’Augias donna le commandement de ses troupes, quand il sut qu’Hercule venait l’attaquer. Une maladie ayant saisi Hercule dès le commencement de l’expédition, il fut bien aise de faire la paix avec les Molionides : mais, ceux-ci ayant été informés ensuite qu’il était malade, se prévalurent de l’occasion. Ils surprirent son armée et tuèrent bon nombre de gens. Hercule, quelque temps après, leur joua un tour de supercherie ; il leur dressa des embûches à Cléone, lorsqu’ils allaient, de la part des Éliens, assister aux sacrifices de toute la Grèce, durant la célébration des jeux isthmiques, et les tua. C’est ce que nous apprenons d’Apollodore [c]. Pausanias n’attribue ni à la maladie d’Hercule, ni à la mauvaise foi des Molionides, mais à leur seule valeur, le peu de succès de ce héros [d], et la nécessité qui le força d’employer la trahison pour se défaire de tels ennemis. Il les fit tuer à Cléone, lorsqu’ils allaient assister aux jeux isthmiques. Molione leur mère travailla avec tant

  1. Scholiast. Homeri in Iliad. lib. XI, vs. 749, et 750.
  2. Apollod., Biblioth., lib. II.
  3. Idem. Voyez aussi Pindare, Olymp. od. X.
  4. Ἅτε γὰρ καὶ τόλμῃ καὶ ταῖς ἡλικίαις τοῦ Ἄκτορος τῶν παίδων ἀκμαζόντων, ἐτρέπεθ' ὑπ' αὐτῶν ἀεὶ τὸ συμμαχικὸν τοῦ Ἡρακλέους. Herculis enim auxilia ab Actoris filiis audaciâ et ætate vigentibus facilè rejiciebantur. Pausan., lib. V, pag. m. 148.