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VERGÉRIUS.

se donna quelques libertés, et en fit l’aveu en cette manière : « Au reste, je ne ferai pas longue excuse de ce qu’en ce livre je ne me suis point tellement assujetti, que j’aie traduit de mot en mot de l’italien, sans y rien ajouter ou laisser. Car ce n’a point aussi été mon intention quand j’ai entrepris de faire cette Anatomie. Je me suis persuadé que les lecteurs ne trouveraient pas mauvais, si je tâchais de m’accommoder à ceux qui ne sont du tout instruits en la connaissance de la vérité, tout ainsi qu’a fait l’autre, écrivant pour les rudes de sa nation. Car j’ai quelquefois exposé plus amplement ce qu’il avait bien dit en peu de paroles [1]. »

Notez que cette Anatomie fut réfutée par un docteur de Paris, et qu’il y a des gens qui l’attribuent à Calvin. Scripsit Calvinus in contemptum Missæ librum quem inscribit Anatomen Missæ, in quo totam missam membratim dissecat, ac medicorum more et philosophorum in suas partes resolvit ac egregiè irridet, subsannat, ac traducit. Hanc Anatomen confutavit Jacobus Faber Molinensis, doctor theologus Parisiensis. Liber impressus est Parisiis, anno 1563 : libri inscriptio est talis : Pro sacrosancto Missæ sacrificio adversus impiam Missæ et Missalis Anatomen, dissectorum Laniorum, Misoliturgorum Calvinianæ familiæ perditè excogitatam Hyperaspistes, etc. [2].

  1. Préface de l’Anatomie de la Messe, pag. 29 et 30.
  2. Cornelius Schultingius, Biblioth. cathol., tom. IV, pag. 227.

VERGÉRIUS [* 1] (Angélus), né dans l’île de Candie [a], traduisit de grec en latin le traité de Fluviorum et Montium Nominibus, attribué à Plutarque [* 2]. Son écriture grecque était si belle [* 3], qu’elle servit d’original à ceux qui gravèrent les caractères de cette langue, pour les impressions royales, sous François Ier. [b] (A). Il était encore en vie sous le règne de Charles IX (B), Il a été censuré trop violemment par un critique hollandais (C). Nicolas Vergérius (D), son fils, fut homme de lettres, et fit des vers sur la mort d’Hadrien Turnèbe.

  1. * Cet auteur s’appelle Vergèce ou Vergécio et non Vergérius, comme écrit Bayle, induit en erreur par Rutgersius et par de Thou. Prosper Marchand ajoute que toutes éditions qu’il a consultées de ce dernier auteur portent Vergétius, et s’étonne que Bayle n’ait pas été mis sur la voie par la Croix du Maine, qui lui était si familier, et par Baïf, dont il cite des vers dans ses remarques (B) et (D).
  2. * P. Marchand, qui a consacré un article à Vergèce remarque que cette traduction, inconnue à J. A. Fabricius, avait été imprimée à Paris chez Ch. Estienne, 1556, in-8o. Maittaire, qui n’en eut connaissance qu’en 1725, et lors de l’impression du 3e. volume de ses Annales typographicæ, avoue n’avoir pu deviner le nom du traducteur qui, en tête de la dédicace à Claude Laval, archevêque d’Embrun, n’avait mis que les initiales Aug. Ver.
  3. * « Dans un des articles du Dictionnaire étymologique de M. Ménage, que je ne puis plus me rappeler, il est observé, dit Prosper Marchand, que c’est la belle écriture du signor Angelo qui a donné lien au proverbe vulgaire ou à la formule ordinaire : Écrire comme un ange. »
  1. Voyez la remarque (A).
  2. M. Chevillier, Origine de l’Imprimerie, pag. 259, parle de ces belles lettres qui furent fondues dans les matrices que le roi François Ier., avait fait frapper par une magnificence royale. Voyez la remarque (CC) de l’article de François Ier., t. VI, p. 582.

(A) Son écriture grecque était si belle, qu’elle servit d’original........., pour les impressions royales, sous François Ier. ] J’ai lu cela dans les Variæ Lectiones de Rutgersius. Duos, dit-il [1], (interpretes) mihi videre contigit, Italum ununt, Natalem de Comitibus, alterum Cretensem, Angelum Vergerium, eum qui tam eleganter græcè pinxit, ut jus manus pro archetypo iis fuerit, quorum opera in sculpendis regiis characteribus rex Franciscus usus est. Les deux traductions dont on parle là sont celles du petit livre de Fluviorum et Montium Nominibus.

  1. Joh. Rutgersius, Var. Lect., lib. III, cap. XII, pag. 235, 236.