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ZUYLICHEM.

son qu’il avait bâtie ; mais elle n’empêcha pas qu’on ne tuât entre ses bras un de ses parens qui s’était réfugié auprès de lui. La maison de plaisance qu’il fit bâtir à un quart de lieue d’Anvers y est encore connue sous le nom de Lanternhof. Balthazar Hoefnagle, son fils aîné, se maria avec la fille du chancelier de Brabant [1]. Quant à Christien Huygens, il se trouva auprès du prince Guillaume en qualité de secrétaire des commandemens, dès la fondation de la république des Provinces-Unies. L’histoire de Reydanus et celle de Hooft rapportent une belle action qu’il fit étant député de ce prince, après la mort duquel il fut secrétaire du conseil d’état. Il mourut à la Haye l’an 1624, laissant deux fils et deux filles. Maurice Huygens son fils aîné, filleul du prince Maurice, naquit à la Haye le 12 de mai 1595, et fut secrétaire des états après la mort de son père : il a laissé postérité. Constantin Huygens, second fils de Christien, est celui qui fait le sujet de cet article. Il avait deux sœurs : Gertrude Huygens, l’aînée, épousa Philippe Doublet, seigneur de Saint-Annelant, etc., receveur-général de la république des Provinces-Unies. De ce mariage est sorti Philippe Doublet, seigneur de Saint-Annelant, etc., qui a épousé Susanne Huygens sa cousine germaine, fille de notre Constantin Huygens. L’autre sœur dudit Constantin s’appelait Constance Huygens ; elle naquit le 2 d’août 1602, et épousa David le Leu de Wilhelm, comme je l’ai dit ci-dessus[2].

(C) Il avait entretenu un grand commerce de lettres avec les savans les plus illustres. ] Principalement avec Daniel Heinsius, avec Nicolas Heinsius fils de Daniel, avec Vossius, avec Éricius Putéanus, avec Balzac [3], avec Corneille, et plus encore avec le père Mersenne et avec M. Descartes [4]. Notez qu’il est fort parlé de lui dans les lettres qu’on a imprimées de plusieurs savans : voyez entre autres celles de M. de Wicquefort et de Barléus, qu’on vient de donner au public en latin et en français[5].

(D) M. Huygens, l’un des premiers mathématiciens de l’Europe était l’un de ses trois fils. ] Il s’appelait Christien ; il est mort le 8 de juillet 1695, à l’âge de soixante-six ans, sans avoir jamais été marié. L’hymen n’eût convenu guère à une personne toute consacrée, comme lui, à la recherche de ce qu’il y a de plus profond dans les mécaniques, dans l’astronomie, dans la géométrie, etc. Voyez son éloge dans l’Histoire des Ouvrages des Savans[6]. Pour le bien dresser, M. de Beauval n’a eu besoin de nous donner la liste des écrits et des inventions de ce grand homme. Vous trouverez aussi son éloge et celui de M. de Zuylichem son père, dans une lettre qui fut écrite par Sorbière le 13 de juillet 1660[7]. M. Huygens n’avait alors que trente-un ans[8]. Son frère aîné, qui s’appelait Constantin, fut secrétaire de M. le prince d’Orange, par la démission de son père, et il continua de posséder cet emploi depuis l’installation de ce grand prince sur le trône de la Grande-Bretagne. Il mourut à la Haye au mois de novembre 1697. M. de Zuylichem laissa un troisième fils, qui est mort à Rotterdam au commencement de juillet 1699. Il avait la charge de député à l’amirauté de la Meuse pour toute sa vie. Il a laissé une fort belle famille. Son fils aîné possède la seigneurie de Zeelhem, dont M. Huygens le mathématicien a porté le nom les dernières années de sa vie.

  1. Nommé Théodore van Liefvolt, seigneur de Hamme, Sainte-Anne, Opdorp, etc.
  2. Dans l’article Wilhem, tome XI, page 573, remarque (F). Tout ceci est tiré d’un Mémoire communiqué au libraire.
  3. Balzac lui adressa La Critique de l’Herodes infanticide de Heinsius, Diverses lettres qu’il lui a écrites sont imprimées.
  4. Voyez M. Baille, dans la Vie de Descartes, passim.
  5. À Amsterdam, 1696.
  6. Mois d’août 1695, art. IX, pag. 542 et suivantes.
  7. Sorbière, Lettres et Relations, pag. 143 et suiv., édition de Paris, 1660, in-8°.
  8. Sorbière ne lui en donne que vingt-quatre ; il se trompe.
FIN DU DICTIONNAIRE HISTORIQUE ET CRITIQUE.