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STOFLER. STROZZY. SULPICE SÉVÈRE.

gleterre, puisqu’il y avait deux années entières que ce roi était mort lorsqu’on se servait du mot à présent[1].

    que les Français, qui savaient que la paix était signée à Nimègue, ne se tenaient point sur leurs gardes. Enfin, il eût fallu marquer si le prince fut vainqueur ou vaincu dans chacune de ces trois batailles. En second lieu, l’on a assuré qu’il partit pour l’expédition d’Angleterre le 1er. de novembre 1688 : il fallait dire le 29 d’octobre 1688. En troisième lieu, que les vents contraires l’ayant obligé de revenir, il repartit le 8, il fallait dire le 11. En quatrième lieu, l’on assure qu’il a livré depuis deux batailles à la France, l’une à Steenkerken, et l’autre près de Londen (il fallait dire Landen). Les mêmes négligences que j’ai remarquées sur le premier article se trouvent ici ; la date manque aussi-bien que la circonstance si le prince fut attaquant ou attaqué, vainqueur ou vaincu. Je me sers de l’édition de Hollande 1698. Celle de Paris 1699 a retranché la plus grande partie de cet article de Guillaume III. Je ne pense pas que ce que je viens de dire soit inutile à ceux qui prendront la peine de donner de nouvelles révisions du Moréri. Ils comprendront comment un article historique doit être rempli, et que, sans être trop long, il peut contenir les circonstances les plus essentielles. Ils feront bien de corriger l’article du maréchal de Luxembourg. On y dit faussement que le prince d’Orange fut obligé en 1674 de lever le siége de Charleroi, et qu’il fut battu à la journée de Saint-Denis, proche de Mons, l’an 1678. (Voyez [t. XVI] l’avertissement de la seconde édition du Dictionnaire critique, vers la fin. Nouv. Observ.) Rem. de M. Bayle.

  1. Cela a été corrigé dans l’édition de 1712. Nouv. Observ.

STOFLER. Dans l’article de ce célèbre mathématicien, on devait naturellement y trouver quelques traits de l’amitié qu’il eut pour Munster, son disciple, auquel il laissa des copies de tous ses ouvrages dont celui-ci sut bien faire son profit dans la suite, et s’en servir à publier sous son nom d’excellens traités[1].

  1. M. Bayle, dans l’article de Stofler, dit qu’il eut beaucoup d’amitié pour Munster, son disciple, et que cela servit beaucoup à la république des lettres ; car sans les copies qu’il lui avait laissé tirer de tous ses écrits, ils eussent été perdus pour jamais lorsque le feu en fit périr les originaux. Voici l’usage que notre auteur a fait de ces paroles, selon sa manière de concevoir les choses, et de les rapporter : 1o. il prétend qu’on devait naturellement trouver dans la nouvelle édition du Moréri quelques traits de l’amitié que Stofler eut pour Munster son disciple ; mais cela est dit au hasard, car M. Bayle, son seul et unique auteur, ne marque point d’autre trait de son amitié que celui qu’on vient de voir. 2o. Il assure que Stofler laissa à Munster des copies de tous ses ouvrages : cela signifie que Stofler fit lui-même, ou fit faire par d’autres des copies de ses ouvrages, et qu’en mourant il les laissa à Munster : mais ni l’un ni l’autre n’est vrai : il lui laissa seulement tirer des copies de ses écrits. 3o. Il ajoute que Munster en sut bien faire son profit dans la suite, et s’en servir pour publier en son nom d’excellens traités : c’est-à-dire que Munster s’appropria les ouvrages de Stofler, les publia comme siens, et en ravit la gloire à son ami : mais quelle preuve en donne-t-il ? aucune : ce n’est pas sa coutume de donner des preuves de ce qu’il avance. Nouv. Observ.

STROZZY. L’article de Philippe Strozzy est bien sec : ce généreux citoyen, qui se sacrifia pour la liberté de sa patrie, méritait quelque chose de plus : on ne devait pas surtout oublier ce vers de Virgile, que ce brave Florentin écrivit sur sa cheminée avec la pointe de son poignard, un moment avant que de[a] mourir.

Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor[1].

  1. Il fallait dire avant que de se faire mourir. Cela eût appris sur-le-champ à tous les lecteurs le genre de mort de ce Florentin, singularité insigne. Rem. de M. Bayle.
  1. Dans la dernière édition on trouve un bon article de ce Strozzi, tiré du Dictionnaire de M. Bayle, d’où notre auteur a pris ce qu’il dit ici. Nouv. Observ.

SULPICE SÉVÈRE. On avait déjà averti les continuateurs de Moréri, qu’il n’est pas sûr que cet historien fût de l’Agénois, et que parce qu’il dit dans ses ouvrages que Phœbadius d’Agen était son évêque, ce n’est pas une raison d’en conclure qu’il était lui-même de ce diocèse ; cependant ils ont tranchés