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URCÉUS CODRUS.

imprimée à Leipsig, en 1513, in-folio, sous ce titre : Plauti lepidissimi poëtæ Aulularia, ab Antonio Codro Urceo, utriusque linguæ doctissimo, pristinæ formæ diligenter restituta ; illius enim finis anteà desiderabatur.

Codrus avait fait un livre d’antiquités, qui s’est perdu ; et un autre de fables, que la mort l’a empêché de mettre en état de paraître. Il voulait aussi écrire tant en grec qu’en latin un livre de secrets et de choses cachées.

Blanchini dit que plusieurs lui firent de belles épitaphes, mais surtout Hermico Caiado, poëte portugais, Philippe Béroalde le jeune. On ne les a point mises dans les œuvres de Codrus, quoiqu’on y ait inséré celles que Virgilius Portus lui a faites. En voici une :

Codrus eram, natãle solum Herberia, sed quæ
Me sepelit Graïum dixit et Ausonium.

« J’étais Codrus, Herbéria est ma terre natale ; mais celle où je suis inhumé dit que j’étais Grec et Latin [* 1]. »

FIN DU QUINZIÈME VOLUME.
  1. * Urcéus Codrus a été l’occasion d’une assez longue Lettre de M. de Voltaire à M. le duc de la Vallière. Voltaire dans son Appel à toutes les nations de l’Europe des jugemens d’un écrivain anglais, avait dit à l’occasion de la rivalité des comédiens et des prédicateurs au XVIe. siècle :

    « Les prédicateurs se plaignirent que personne ne venait plus à leurs sermons ; car le monologue fut en tout temps jaloux du dialogue : il s’en fallait beaucoup que les sermons fussent aussi décens que ces pièces de théâtre. Si l’on veut s’en convaincre, on n’a qu’à lire les Sermons du Rev. P. Codret, et surtout aux pages 60 et 61, édition in-4o, de Paris, 1515.

    « Certaine uxor rustici voulant amandare son mari pour introduire un prêtre quem amabat, après vêpres détourna un veau de stabulo et in pascua relegavit, et incita maritum ut quæreret ; et quand le bonhomme allait cherchant le veau, bonus adulter bis aut ter rustici uxorem subegit, et re patratâ discessit : le bouvier revenu avec son bœuf, adhæsit uxori, et toucha iter femineum, et reperit irroratum ; admiratur. Rogat uxorem cur cunnus rorat, el illa respondit Amisso de bove plorat. Rusticus credidit, et subinde cùm coiret, viam sensit latiorem et dixit Largior est solito, et illa respondit Ridet de bove reperto. »

    C’était le duc de la Vallière qui avait envoyé ce morceau à Voltaire. Ce n’est pas rigoureusement le texte de l’auteur ; mais les fragmens de phrases qui sont mis en français ne l’ont probablement été que dans l’intention de faire comprendre le passage aux persomnes mêmes qui n’entendent pas le latin. Au reste, on n’a pas augmenté l’obscénité.

    Mais le changement de mots n’est pas la seule chose à remarquer.

    Il n’a jamais existé de P. Codret, mais un Codrus, qui a composé des discours latins (Sermones festivi) et non des Sermons.

    C’était la Vallière qui, dans sa note envoyée à Voltaire, avait traduit sermones par sermons. Codret pour Codrus, n’est problement qu’une erreur de copiste ou faute d’impression.

    Voltaire ayant à ce sujet essuyé quelque reproches, la Vallière lui adressa une lettre qui fut imprimée dans le temps, et dans laquelle il déclare être la cause de l’erreur.

    Ce fut en réponse à cette lettre de la Vallière que Voltaire composa la sienne, où il est peu question de Codrus.

    Je pourrai donner d’autres détails dans l’édition que je prépare des Œuvres de Voltaire.