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VIE DE M. BAYLE.

Dictionnaire de M. Bayle étant presque toute vendue, on songea à en donner une seconde édition. Elle fut commencée le 26 de mai 1608.

M. Jurieu avait publié son prétendu Jugement du Public pour porter les compagnies ecclésiastiques à condamner le Dictionnaire de M. Bayle. Il fit présenter ce libelle au synode, qui se tenait alors à Delft ; mais le synode n’y fit aucune attention. Le consistoire même de Rotterdam garda beaucoup de modération. M. Bayle y fut ouï ; on lui communiqua les remarques qu’on avait faites sur son Dictionnaire ; on déclara qu’on était content de ses réponses, et on l’exhorta d’instruire le public de tout ce qui s’était passé dans cette affaire. C’est ce qu’il fit dans une feuille volante, intitulée : Lettre de l’auteur du Dictionnaire historique et critique à M. le D. E. M. S. [* 1], au sujet des procédures du consistoire de l’Église wallonne de Rotterdam contre son ouvrage. La voici :

« J’apprends, monsieur, par votre dernière lettre, qu’il a couru divers bruits fort opposés les uns aux autres, touchant ce qui s’est passé au consistoire de l’Église wallonne de Rotterdam, lorsque l’affaire que j’y avais au sujet du Dictionnaire historique et critique y a été terminée. Vous ne pouvez recueillir de tant de discours si différens, sinon que j’ai promis de réformer cet ouvrage dans une seconde édition ; mais, cela ne vous contentant point, vous me demandez une instruction un peu plus précise là-dessus. Je m’en vais vous satisfaire.

 » Vous saurez donc, monsieur, que le consistoire ayant jugé qu’il devait prendre connaissance de mon livre, vu les plaintes que plusieurs particuliers répandaient de toutes parts, nomma des commissaires pour l’examiner. Ces commissaires lurent l’ouvrage, firent des extraits et des remarques, et leur rapport ayant été communiqué à la compagnie, et tous les autres préliminaires réglés, de sorte qu’il ne restait plus rien que de m’entendre, afin de procéder au jugement, je fus averti de me trouver au consistoire, et j’y comparus au jour marqué. L’état de la question m’ayant été proposé en général, et le premier chef des extraits et des remarques en particulier, on me demanda ce que j’avais à répondre. Je répondis que n’ayant point su par où l’affaire serait entamée, je n’avais préparé qu’un discours fort général. Il se réduisait à ces deux points : l’un, que j’avais une infinité de choses à dire pour ma justification sur chaque sujet de plainte ; l’autre, que pour épargner à la compagnie une longue suite de discussions fatigantes, et pour contribuer efficacement à la paix et à l’édification, j’aimais mieux changer dans une seconde édition les choses qui donnaient lieu aux murmures,

  1. * Il m’a été impossible d’expliquer ces initiales, elles sont restées en blanc dans les éditions séparées des Lettres, ainsi que dans les Œuvres diverses.