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VIE DE M. BAYLE.

et ainsi de plusieurs autres questions, où ceux qui se trompent ne peuvent être accusés de donner atteinte à la foi, pourvu que d’ailleurs ils adhèrent aux décisions des anciens conciles, etc. » Il prévient après cela quelques objections, et fait quelques remarques qui tendent à éclaircir cette matière. Nous avons vu qu’il avait promis de répondre fort au long dans cet ouvrage à l’écrit de M. Jurieu, intitulé Courte revue : il nous apprend ici pourquoi il ne l’a pas fait. « Au reste, dit-il, quand je publiai, en 1694, une addition à mes Pensées diverses, pour réfuter en peu de mots un imprimé qui avait pour titre Courte revue, etc., j’en promis une ample réfutation, néanmoins je n’y ai eu aucun égard dans cet ouvrage, car j’ai trouvé que ma réponse préliminaire était plus que suffisante. »

Les principales objections discutées dans le premier tome de cette Continuation des Pensées sur les Comètes regardent ces six questions. 1o. Si le consentement de tous les peuples à reconnaître une divinité est une preuve certaine et démonstrative qu’il y a un dieu. 2o. S’il y a quelque certitude dans l’astrologie. 3o. Si la religion païenne enseignait la pratique de la vertu ou des bonnes mœurs. 4o. Si toutes choses ont été faites pour l’homme. 5o. Si les historiens doivent rapporter des choses incroyables et superstitieuses. 6o. Si on a exagéré le polythéisme des païens. Le second tome est destiné à faire voir qu’on avait eu raison de dire dans les Pensées sur les Comètes, que l’athéisme n’est pas un plus grand mal que l’idolâtrie. M. Bayle indique les écrivains qu’il avait déjà allégués dans cet ouvrage, et il en cite plusieurs autres, parmi lesquels il y a des pères de l’Église, et des docteurs catholiques et protestans, qui ont dit qu’il y avait des choses aussi mauvaises ou plus mauvaises que l’athéisme, ou qui ont même déclaré que l’idolâtrie était pire que l’athéisme, et qui cependant n’ont point été exposés à la censure des tribunaux ecclésiastiques. Il conclut de là qu’il a été en droit de soutenir cette même opinion ; et que si un grand nombre d’écrivains ont assuré le contraire, cela ne prouve autre chose, si ce n’est que la question dont il s’agit est un problème abandonné à la discrétion de tout le monde, et sur lequel il est permis, sans préjudice de l’orthodoxie, de se ranger à la négative ou à l’affirmative.

Il y examine aussi cette question, « si une société toute composée de vrais chrétiens, et entourée d’autres peuples ou infidèles ou chrétiens à la mondaine, tels que sont aujourd’hui et depuis long-temps toutes les nations où le christianisme domine, serait propre à se maintenir, » et se déclare pour la négative. Il nous apprend à cette occasion l’idée qu’un savant se faisait du christianisme. « J’ai connu, dit-il [1], un homme docte qui s’imaginait que Jésus-Christ n’a

  1. Continuation des Pensées diverses, etc., tom. II, p. 602, 603.