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VIE DE M. BAYLE.

estimait extrêmement ; ainsi, monsieur, vous avez eu quelque intérêt à regretter cette mort. »

Il parut dans ce temps-là une troisième édition de la Critique générale du calvinisme. La seconde édition avait été réimprimée à Genève, mais cela n’empêcha pas que ce livre ne vint bientôt à manquer. Dans l’avertissement de cette troisième édition, M. Bayle dit qu’étant très-assuré que c’était pour la dernière fois qu’il ferait réimprimer cet ouvrage, il aurait bien voulu l’approcher de la perfection autant qu’il eût été possible, en y faisant les additions et les changemens nécessaires ; mais qu’il n’avait osé le faire de peur de trop chagriner ceux qui l’avaient déjà acheté deux fois, et qu’on entendait souvent se plaindre des nouvelles éditions revues, corrigées et augmentées, parce qu’elles donnent du dégoût pour les précédentes, et du regret d’y avoir mis son argent. C’est pourquoi il avait fait en sorte que cette troisième édition ne fût pas fort différente de la précédente ; et il avertit tous ceux qui avaient la seconde qu’ils pouvaient s’en tenir là, et que celle-ci ne devait point les tenter. Ce n’est pas, ajoute-t-il, qu’elle ne soit moins mauvaise que les deux autres, c’est que l’avantage n’est pas assez grand pour mériter qu’on y songe. Mais il ne faut pas prendre ces expressions au pied de la lettre : cette troisième édition contient des additions et des corrections importantes. Il fit aussi quelque changement dans la disposition des lettres, mais il s’attacha particulièrement à corriger le style, pour le retranchement des expressions ambiguës ou des rimes. Il remarque à cette occasion la difficulté qu’il y a d’écrire en français de telle sorte qu’on évite les vers, les consonnances, et les phrases où un même mot peut avoir différens rapports et faire des sens différens.

1685.

Au commencement de l’année 1685, il publia une suite de cet ouvrage sous ce titre : Nouvelles lettres de l’auteur de la Critique générale de l’Histoire du calvinisme de M. Maimbourg. Première partie, où, en justifiant quelques endroits qui ont semblé contenir des contradictions, de faux raisonnemens et autres méprises semblables, on traite par occasion de plusieurs choses curieuses, qui ont du rapport à ces matières. A Ville-Franche, chez Pierre le Blanc : M. DC. LXXXV. Ces Nouvelles Lettres sont précédées d’une longue préface, ou avis au lecteur, où M. Bayle assure qu’après avoir eu beaucoup de peine à consentir que l’on en commençât l’impression, il avait été souvent tenté de l’interrompre, considérant combien il est rare de n’échouer pas, lorsqu’après avoir fait un livre qui a eu quelque sorte de succès on se hasarde de lui donner une suite. « Ces suites, continue-t-il, font dire presque toujours que l’auteur ne s’est pas soutenu, qu’il en devait demeurer où il en était, qu’il devait mieux connaître ses forces, et qu’il a eu grand