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VIE DE M. BAYLE.

c’est le contentement qui est notre seule félicité. » Il venait de remarquer que « ceux qui avaient tant soit peu compris la doctrine du père Mallebranche touchant le plaisir des sens, s’étonneraient sans doute qu’on lui en fît des affaires ; et que s’ils ne se souvenaient pas du serment de bonne foi que M. Arnauld venait de prêter dans la préface de ce dernier livre, ils croiraient qu’il a fait des chicanes à son adversaire afin de le rendre suspect du côté de la morale. » M. Arnauld, qui prenait aisément feu, publia un écrit intitulé : Avis à l’auteur des Nouvelles de la république des Lettres, où il se plaignait de cette réflexion de M. Bayle, et soutenait que non-seulement il avait bien pris, mais aussi bien réfuté. le sens du père Mallebranche. M. Bayle donna le précis de cet écrit dans les Nouvelles de décembre, et promit de profiter des vacances pour l’examiner avec soin. En effet, il y travailla, et sa réponse fut achevée d’imprimer le 25 de février, intitulée, Réponse de l’auteur des Nouvelles de la république des lettres à l’Avis qui lui a été donné sur ce qu’il a dit en faveur du père Mallebranche touchant plaisir des sens, etc. [1]. M. Arnauld ne se rendit pas. Il fit une réplique sous le titre de Dissertation sur le prétendu bonheur du plaisir des sens, pour servir de réplique à la Réponse qu’a faite M. Bayle pour justifier ce qu’il a dit dans ses Nouvelles de la république des lettres du mois de septembre [2] 1685, en faveur du père Mallebranche contre M. Arnauld [3]. M. Bayle aurait répondu à cette réplique s’il n’avait pas été malade quand elle parut, et il jugea qu’il serait trop tard de la réfuter lorsque sa santé lui permit d’écrire. Il eut ensuite dessein d’y répondre (F) ; cependant il n’en a dit qu’un mot dans un de ses ouvrages [4].

M. Bayle, ayant remarqué, dans ses Nouvelles de septembre 1685 [5], qu’il s’était glissé plusieurs fautes dans le Traité des auteurs anonymes, publié par M. Deckher, avocat de la chambre impériale de Spire, M. d’Almeloveen, qui se proposait de donner une nouvelle édition de cet ouvrage, le pria de le lire et de lui en marquer les fautes. Un savant, nommé M. Vindingius, avait déjà écrit une lettre à M. Deckher, qui avait été imprimée dans la seconde édition de ce livre, où il rectifiait quelques méprises de cet auteur, et lui fournissait quelques supplémens ; mais cette lettre n’était pas non plus exempte de fautes. M. Bayle corrigea l’un et l’autre, et ajouta la découverte de plusieurs auteurs anonymes, dans la réponse qu’il fit à M. d’Almeloveen. Il la finit en disant qu’il aurait pu fournir des remarques plus amples et plus curieuses, s’il avait eu le temps de consulter ses mémoires et ses amis, et s’il n’eût pas craint de déplaire aux au-

  1. À Rotterdam, chez Pierre de Graef, 1686, in-12.
  2. Il fallait dire du mois d’août.
  3. Imprimée à Cologne (Rotterdam), 1687, in-8o.
  4. Dictionnaire critique, article d’Épicure, tom. VI, p. 181, rem. (H).
  5. Art. VII, p. m. 1013.