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qui allaient tenir une si belle place dans sa vie. C’était le début des Impressionnistes à Bruxelles : Signac était venu et il s’était lié avec lui. D’autres vinrent à leur tour ; et bientôt Verhaeren publiait deux études d’art : Joseph Heymans (1885) et Fernand Khnopff (1887).


Les Moines avait paru chez Lemerre, l’éditeur du Parnasse, en 1886. Ce recueil avait des origines lointaines et se rattachait à d’intimes impressions d’enfance. Il y avait à une lieue environ de Saint-Amand, à Bornhem, un cloître de Bernardins, où Gustave Verhaeren, très lié avec l’un des Supérieurs, avait coutume de se rendre chaque mois en pieux pèlerinage. Son fils l’accompagnait quand il était à la maison et l’on partait à quatre heures et demie du matin pour se confesser et communier. Ces matinales expéditions et les hautaines figures, si nobles dans les plis du froc, qu’il apercevait dans les couloirs du cloître avaient énormément frappé l’imagination de l’enfant ; et, pour longtemps, les solitaires de Bornhem lui demeurèrent une hantise. Ce sont eux qui ont posé pour les Moines. Et au temps où Verhaeren portait en lui les vers qu’il leur dédia, il s’en fut, pour essayer de revivre ses souvenirs, au monastère de Forges, près de Chimay, accomplir une retraite de vingt-et-un jours. C’était l’habi-