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ANITA

les broussailles. Après avoir voyagé pendant quelques heures, nous arrivâmes à une mauvaise hutte abandonnée, située sur les bords d’un ruisseau qui descendait des montagnes pour se jeter probablement dans le Sabinas.

Nous y passâmes la nuit, et l’on me fit l’honneur de placer une sentinelle pour veiller sur moi, précaution bien inutile, grâce aux liens dont j’étais littéralement couvert des pieds à la tête.

Avec une libéralité que je n’attendais pas d’eux, mes gardiens me donnèrent ma part d’un souper excellent qu’ils préparèrent avec soin, et ils m’offrirent même un bon verre de mezcal que j’acceptai volontiers.

Aux questions que je fis pour savoir ce que l’on prétendait faire de moi, on répondit invariablement que je saurais le lendemain soir à quoi m’en tenir à ce sujet.

J’attendais avec une impatience que vous comprenez, lecteur, l’heure qui m’apprendrait le sort qui m’était réservé.

Je dormis tant bien que mal, et nous reprîmes de bonne heure un sentier qui conduisait à la grand’route.

J’étais toujours ficelé jusqu’aux oreilles, et je faisais fort piteuse mine entre les deux grands gaillards chargés de me garder.