Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

valtrie. Son père est propriétaire de la « sucrerie » voisine et il est probable qu’il a décidé de « faire chantier », cet hiver. Si mes prévisions sont correctes, il ne vous reste qu’à fuir immédiatement, car les Montépel de Lavaltrie sont connus pour des bureaucrates enragés et vous serez dénoncés aux autorités anglaises. Je vais m’informer de la chose et je reviendrai demain vous avertir. En attendant, soyez prudent ; ayez l’œil ouvert et défiez-vous des bûcherons de la forêt voisine. Demain soir, à neuf heures, je serai ici pour vous communiquer les informations que j’aurai prises sur leur compte.

Le vieillard reprit immédiatement la route du village et nous laissa seuls pour discuter les nouvelles importantes que nous venions d’apprendre. La situation n’était pas des plus rassurantes. Si nous étions arrêtés, il était à peu près certain que nous payerions de notre tête la part que nous avions prise à l’insurrection. Nous attendîmes avec une impatience que vous devinez sans doute, le retour du père Marion. Le lendemain se passa sans qu’aucun incident remarquable vint troubler notre retraite. Nous entendions le bruit sec et cadencé des haches des bûcherons, mais personne n’approcha de la cabane. Le soir à neuf heures, comme il nous l’avait promis, le père de