Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/63

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COMTE. Monsieur Figaro ! je n’ai qu’un mot à Vous dire :

elle sera ma femme ; et si vous servez bien mon projet en lui cachant mon nom… Tu m’entends, tu me connais…

FIGARO. Je me rends. Allons, Figaro, vole à la fortune, mon fils.

LE COMTE. Retirons-nous, crainte de nous rendre suspects.

FIGARO, Vivement. Moi, j’entre ici, où, par la force de mon art, je vais, d’un seul coup de baguette, endormir la vigilance, éveiller l’amour, égarer la jalousie, fourvoyer l’intrigue, et renverser tous les obstacles. Vous, Monseigneur, chez moi, l’habit de soldat, le billet de logement, et de l’or dans vos poches.

LE COMTE. Pour qui, de l’or ?


FIGARO, Vivement. De l’or, mon Dieu, de l’or : c’est le nerf de l’intrigue.

LE COMTE. Ne te fâche pas, Figaro, j’en prendrai beaucoup.

FIGARO, s’en allant. Je vous rejoins dans peu.

LE COMTE. Figaro ?

FIGARO. Qu’est-ce que c’est ?

LE COMTE. Et ta guitare ?

FIGARO revient.