Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/157

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DRAMATIQUE SÉPvIEUX. lai

«eiire de spectacle, ou ddns l'extension de ceux qu'il conuoît déjà , est nn attentat contre ses droits, une entreprise contre ses pl.iisirs. Je conviens qu'une vérité diflicile sera plutôt rencontrée , mieux sai- sie , plus sainement jugée par un petit nombre de personnes éclairées que par la multitude en rumeur, puisque sans cela cette vérité ne devroit pas être appelée difficile ; mais les objets de goi'it , de sen- timent, de pur effet , en un mot de spectacle, n'é- tant jamais admis que sur la sensation puissante et subile qu'ils produisent dans tous les spectateurs , doivent-ils être jutrés sur les mêmes rc^'les ? Lors- qu'il est moins question de discuter et d'approfon- dir, que de sentir, de s'amuser ou d'être touclié , n'est -il pas aussi basardé de soutenir que le juge- ment du public ému , est faux et mal porlé, qu'il le seroit de prétendre qu'un g[enre de spectacle , dont toute une nation auroit été vivement affectée, et qui lui 2)laii"oit généralement, n'auroit pas Je degré de bonté convenable à cette nation? De quel poids seront: contre le gnùt dn public les satires de quelques au- teurs sur le drame sérieux . snr-tout lorsque leois plaisanteries calomnii'ut des ouvrages charmants en ce genre sortis de leur plume? Outre qu'il faut être conséquent , c'est que l'arme légère et badine du sarcasme n'a jamais décidé d'affaires ; elle est seu- lement propre à les engager, et tout an plus per- mise contre ces poltrons d adversaires, qui , retran- ebés derrière des monceaux d'autorités, refusent de prêter le collet aux raisonneurs en rase campa- gne. Elle convient encore à nos beaux esprits de sociétés qui ne font qu'effleurer ce qu'ils jugent, et sont comme les troujies légères , ou les enfants per- dus de la littérature. Mais ici . par un renversement singulier, les graves auteurs plaisantent, et les gens du monde discutent. J'entends citer par -tout de BEAUMARCHAIS. I. II

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