Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/162

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126 ESSAI SUR LE GENRE

jjriuce, au faite du bonheur, couverl de gloire, et tout brillant de succès, n'obtient de nous que le senlinient stérile de l'admiration qui est étranger à notre cœur. Nous ue sentons peut-être jamais si bien qu'il nous est cher, que lorsqu'il tombe dans quel- que disgrâce : cet enthousiasme si touchant du peu- ple , qui fait 1 éloge et la récompense des bons rois , ue le saisit guère ([u'au moment qu'il les voit nial-> heureux, ou qu'il craint de les perdre. Alors sa compassion pour l'homme souffrant est un senti- ment si vrai, si profond, qu'on diroit qu'il peut acquitter tous les bienfaits du monarque heureux. Le véritalile intérêt du cœur, sa vraie relation est donc toujours d'un homme à un homme, et non d'un, homme à un roi. Aussi, bien loin que l'éclat du rang augmente en moi l'intérêt que je prends aux personnages tragiques, il y nuit au contraire. Plus l'homme qui pàtit est d'un état qui se rapproche du mien, et plus son malheur a de prise sur mou ame. « Ne seroit-il jias à désirer ( dit 31. Rousseau) que <i nos sublimes auteurs daignassent descendre un <• peu de leur continuelle élévation, et nous alten- « drir quelquefois pour l'humanité soulfrantc , de ■I peur que n'ayant de la pitié que pour des héros' «malheureux, nous n'eu ayons jamais pour per- « sonne. »

Que me font à moi , sujet paisible d'un état mo- narchique du dix-huitieme siècle, les révolutions d'Athènes et de Rome ? quel véritable intérêt puis- je prendre à la mort d'un tyran du Péloponese .■* aa saciihce d'une jeune princesse en Aulide. Il n'y a dans tout cela rien à voir pour moi , aucune mora- lité qui me convienne. Car qu'est-ce que moralité? C'est le résultat fructueux et l'application person- uelle des réflexions qu'un événement nous arrache. Ou'est-ce que Tiatcrêtr C'est le sentiment iuvo-

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