Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/171

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DRAMATIQUE SERIEUX. i3a

s a m al gain e parfaileinent. Ainsi les héros d'Homère, qui neparoi.ssent que grands et superbes dans 1 épo- pée, seroient gigantesques dans rhistoire en prose. Sou langage, trop vrai et trop voisin de nous, est comme l'atelier du sculpteur où tout est colossal. La poésie est le vrai piédestal qui met ces groupes énormes au point d'optique favorable à l'œil; et il en est de la tragédie héroïque comme du poème épique. On eut donc raison de blâmer M. de La- motbe d'avoir traité le sujet héroïque d'OEdipe en langage familier. Peut-être eùt-il fait une faute non moins grande contre la vérité , la vraisemblance, et le bon goût, s'il eût traité en vers maguifiques un évèDeinent malheureux, arrivé parmi nous entre des citoyens. Car suivant celte l'egle de la poétique d'Aristote : Coinedia eniin détériores , trcigcdiœ mc- liores quam nii/ic surit, imiiari conaiitiir. Si la tra- gédie doit nous représenter les hommes plus grands, et la comédie moindres qu'ils ne .sont réellement , 3'imilation de l'un et l'autre genre n'ayaiit pas une exacte vérité , leur langage n'a pas besoin d elre ri- goureu.sement asservi aux règles de la nature^ On fait faire à l'esprit humaiu autant de pas qu'on veut vers le merveilleux , dès qu'où lui a fiiit une fois franchir les barrières du naturel ; les sujets n'ayant plus alors qu'une vérité poétique ou de convention , il s'accommode aisément de tout. Vi»ilà pourquoi la tragédie s'écrit avec succès en ^ ers , et la comédie indifféremment de l'uue ou de 1 autre manière. Mais le genre sérieux, qui tient le milieu entre les deux autres , devant nous montrer les ihonimes absolu- ment tels qu'ils sont , ne peut pas se permettre la plus légère liberté contre le langage , les mceurs ou le costume de ceux qu'il met eu scène. « Mais, di- a rez-vi.>us, le langage de la tragédie est très diffé- « lent de celui de l'épopée: plus uni , moins chargé

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