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DRAMATIQUE SÉRIEUX.. .3.)

autant de mal en y pleurant de bonne grâce. Cette contradiction apparente a cela de bon , qu'elle ne peut faire Ja critique du drame sans faire en même temps réloge du genre, et c'est ce que je vou'ois sur-tout établir.

Un intérêt vif et soutenu, dit-on, a fait seul le succès d'Eugénie. D'accord; mais cet intérêt n'est ni l'effet du basard ni relui d'une boutade beureuse, comme on m'a f.jit l'bonneur de le penser; il est Ja conséquence naturelle de principes vrais, qui n'ont pas besoin , comme les modek-s de convention , d'être aperçus pour être sentis , parceqn ris sont puisés dans la nature, qui ne trompe pas plus les ignorants que les savants. En les analysant avec moi, le lecteur verra bien que si mon drame n'est pas mieux fait, c'est moins parceque j'ai marché eu aveugle dans un pays perdu , que pour avoir mal exécuté ce que j'avois beaucoup combiné. Le drame lui-même suivra cette analyse ; ainsi mes moyens et mes fautes étant sous les yeux de tout le monde , et montrant que le bien appartient à la chose, et le mal à moi seul, serviront également à ceux qui vou- dront essayer de moissonner ce nouveau cbarap d honneur.

Le sujet de mon drame est le désespoir où l'impru- dence et la méchanceté d'autrui peuvent conduire une jeune personne innocente et vertueuse , dans l'acte le plus important de la vie humaiue. .î"ai chargé ce tableau d'incidents qui pouvoient encore en aug- menter l'intérêt. Mais j'ai serré l'intrigue de telle sorte que le moins d'acteurs possibles accomplissent tous les événements de ce jour, afin de réunir le double avantage, essentiel au genre sérieux, d'être fort dans les choses , et simple dans la manière de les traiter. J'ai donné à tous mes personnages des caractères , non pris au hasard , ni propres à con-

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