Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/180

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144 ESSAI SUR LE GENRE pièce ne sont ni des plir.iscs plus fortes , nî des choses imprévues ; ils n'offrent que l'expressioa simple et vraie de la nature , à l'iustant d'une crise d'autant plus pénible pour le spectateur, qu'il l'a vue se former lentement sous ses yeux , et jiar des moyens communs et fvibles en apparence. Ceux qui liront Eugénie d.ms le a ëritable esprit où ce drame a été composé sentiront souvent que l'auteur a plus réfléchi qu'on ne croit, lorsqu'il a préféré de dire plus en peu de mots , que mieux en beaucoup de paroles. Alors le premier acte, qu'ils avoient peut-être trouxé lonj:; et froid, leur paroîtra si né- cessaire , qu'il seroit impossible de prendre le moin- dre intérêt aux autres, si l'ou u'avoit pas vu celui-là. C'est lui qui nous incorpore à celte malheureuse fa- mille, et nous fait prendre, sans nous eu aperce- •\T)ir , un rôle d'ami dans la pièce. Plus il y a de choses fortes ou extraordinaires dans un drame, et plus on doit les racbeter par des incidents communs, qui seuls fondent la vérité. ( C'est encore M. Dide- rot 'qui dit cela. ) Que ne dit-il pas , cetbomiiie étonnant! tout ce qu'on peut jienser de vrai, de philosopbi(pie et d'excellent sur l'art dramatique , il l'a renfermé dans le quart d'un in-12... J'aime- rois mieux avoir fait cet ouvrage Revenons au

mien.

Après avoir décidé le caractère et la conduite de cbaque personnage, j'ai cherché s'il y a voit quelque principe certain pour les faire parler convenable- ment à leur rôle. Dans un plan bien disposé, le fond des choses à dire est toujours donné par celui des choses à faire; mais le ton de chacun n'en reste pas moins subordonné au génie et aux lumières de l'au- teur, qui peut se tromper, soit en voyant mal ces rapports qu'il a dû combiner, soit en exécutant foi- blemeut ce qu'il a bien préconçu. J'ai dit , ceux

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