Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/264

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venir le crime ,au moins j’aurai la triste satisfaction de le punir.

EUGÉNIE, cherchant à le retenir.

Arrêtez... Quel fruit attenlez-vous....

SIR CHARLES, avec frrmete’.

Ma sœur, quand ou n’a plus le choix des moyens, il faut se faire une vertu de la nécessité.

EUGÉNIE, d’une voix alterée.

Vous parlez de vertu! et vous allez égorger votre semblable.

SIR chari.es, indigné.

Mon semblable .’ uu monstre !

EUGÉNIE.

Il vous a sauvé la vie.

SIR CHARLES, fièrement.

Je ne lui dois plus rien.

EUGÉNIE, éperdue.

Grand Dieu! sauvez-moi de mon désespoir... Mon frère, au nom de la tendresse, et sur-tout au nom du malheur qui m’accable... Serois-je moins infortunée, moins perdue quand le nom d’un parjure... quand son souvenir sera effacé sur la terre... (Plus fort.) El si votre présomption se trouvoit punie par le fer de votre ennemi, piel coup affreux pour un père ! Vous, l’appui de sa vieillesse, vous allez mettre au hasard cette vie dont il a tant besoin... ! (D’une voix hrisce. ) pour une malheureuse fille que tous vos efforts ne peuvent plus sauver. Je vais mourir. (Madame Murer se jette sur un siege contre la table et appuie sa tète dessus. )

SIR CHARLES, avec feu.

Tu vivras... pour jouir de ta vengeance.

EUGÉNIE, désespérée, du ton le plus violent.

Non : ie n’en suis pas di^ne. En faut-il des preuves. Ah! je me méprise trop pour les dissimuler. Tout perfide qu’il est, mon cœur se révolte encore