Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/32

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xxvj INOTICE

lanterne magique : ce sont des tableaux qui se «ac- cedeut presque sans liaison. Les scènes nocturnes , cette source de quiproquos y si souvent emplovée dans les intrigues espagnoles , qu'elle y est de cos- tume et presque de rigueur, produisent ici des in- cidents dont l'invraisemblance répugne à une scène aussi raisonnable que la nôtre, et l'on peut dire que l'auteur a étrangement abusé du privilège de la localité. Il n'a pas moins abusé du monologue , es- pèce de concession faite à l'art dramatique aux dé- pens de la vérité, en mettant dans la bouche de son Figaro cet inconcevable soliloque qui remplit cinq pages in-8",et dont le débit dure un quart-d'heure au théâtre. Parler tout seul est d'un fou : on permet cette manie sur la scène à la passion violente et à la préoccupation excessive , parceque ce sont des es- pèces de folie , mais sous la condition expresse qu'elles ne laisseront ainsi échapper leur pensée qu'en peu de mots et avec une sorte de désordre , parcequ'elles sont alors dans un état d'obsession qui ne peut être de longue durée , et n'admet point l'exacte liaison des idées. Concoit-on , d'après ce principe , qu'un horartie possédé du démon de la jalousie, qui ne devroil exhaler sa rage qu'en quel- ques phrases brisées et tumultueuses , s'amuse à faire aux échos , pendant un bon quart-d'beure , le narré fidèle et suivi de toutes ses aventures , enjo- livé de réflexions morales et de problêmes métaphy-

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