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Le Comte.

Je puis monter à votre jalousie ; et quant à la lettre que j’ai reçue de vous ce matin, je me suis vu forcé…



Scène X

ROSINE, BARTHOLO, FIGARO, LE COMTE.
Bartholo.

Je ne m’étais pas trompé ; tout est brisé, fracassé.

Figaro.

Voyez le grand malheur pour tant de train ! On ne voit goutte sur l’escalier. (Il montre la clef au comte.) Moi, en montant, j’ai accroché une clef…

Bartholo.

On prend garde à ce qu’on fait. Accrocher une clef ! L’habile homme !

Figaro.

Ma foi, monsieur, cherchez-en un plus subtil.



Scène XI

Les acteurs précédents, don BASILE.
Rosine, effrayée, à part.

Don Basile !…

Le Comte, à part.

Juste ciel !

Figaro, à part.

C’est le diable !

Bartholo va au-devant de lui.

Ah ! Basile, mon ami, soyez le bien rétabli. Votre accident n’a donc point eu de suites ? En vérité, le seigneur Alonzo m’avait fort effrayé sur votre état ; demandez-lui, je partais pour vous aller voir, et s’il ne m’avait point retenu…

Basile, étonné.

Le seigneur Alonzo ?

Figaro frappe du pied.

Eh quoi ! toujours des accrocs ? Deux heures pour une méchante barbe… Chienne de pratique !

Basile, regardant tout le monde.

Me ferez-vous bien le plaisir de me dire, messieurs… ?

Figaro.

Vous lui parlerez quand je serai parti.

Basile.

Mais encore faudrait-il…

Le Comte.

Il faudrait vous taire, Basile. Croyez-vous apprendre à monsieur quelque chose qu’il ignore ? Je lui ai raconté que vous m’aviez chargé de venir donner une leçon de musique à votre place.

Basile, plus étonné.

La leçon de musique !… Alonzo !…

Rosine, à part, à Basile.

Eh ! taisez-vous.

Basile.

Elle aussi !

Le Comte, bas à Bartholo.

Dites-lui donc tout bas que nous en sommes convenus.

Bartholo, à Basile, à part.

N’allez pas nous démentir, Basile, en disant qu’il n’est pas votre élève, vous gâteriez tout.

Basile.

Ah ! ah !

Bartholo, haut.

En vérité, Basile, on n’a pas plus de talent que votre élève.

Basile, stupéfait.

Que mon élève !… (Bas.) Je venais pour vous dire que le comte est déménagé.

Bartholo, bas.

Je le sais, taisez-vous.

Basile, bas.

Qui vous l’a dit ?

Bartholo, bas.

Lui, apparemment !

Le Comte, bas.

Moi, sans doute : écoutez seulement.

Rosine, bas à Basile.

Est-il si difficile de vous taire ?

Figaro, bas, à Basile.

Hum ! Grand escogriffe ! Il est sourd !

Basile, à part.

Qui diable est-ce donc qu’on trompe ici ? Tout le monde est dans le secret !

Bartholo, haut.

Eh bien, Basile, votre homme de loi ?…

Figaro.

Vous avez toute la soirée pour parler de l’homme de loi.

Bartholo, à Basile.

Un mot : dites-moi seulement si vous êtes content de l’homme de loi ?

Basile, effaré.

De l’homme de loi ?

Le Comte, souriant.

Vous ne l’avez pas vu, l’homme de loi ?

Basile, impatienté.

Eh ! non, je ne l’ai pas vu, l’homme de loi.

Le Comte, à Bartholo, à part.

Voulez-vous donc qu’il s’explique ici devant elle ? Renvoyez-le.

Bartholo, bas au comte.

Vous avez raison. (À Basile.) Mais quel mal vous a donc pris si subitement ?

Basile, en colère.

Je ne vous entends pas.

Le Comte lui met à part une bourse dans la main.

Oui, monsieur vous demande ce que vous venez faire ici, dans l’état d’indisposition où vous êtes ?

Figaro.

Il est pâle comme un mort !