Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/456

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que ma dette totale était de cent trente-neuf mille francs, et non d’une autre somme ou moindre ou plus forte.

Et si on lit ensuite dans le même arrêté de compte, à la fin de l’article xi 11, ces paroles très-expressives de M. Duverney : << Au moyen desquelles clauses ci-dessus énoncées, etc., je reconnais mondit sieur de Beaumarchais quitte de tout envers moi, ■> on avouera que M. Duverney n’aurait pas dit qu’il me reconnaissait quitte de tout envers lui, si je fusse resté son débiteur d’une somme quelconque au delà des cent trente-neuf mille livres que je venais d’acquitter, et dont il avait déclaré à l’article iii que toute sa créance sur moi se composait : et cette nouvelle preuve me paraît répandre une merveilleuse clarté sur les précédentes.

Et si, dans un autre article de cet arrêté, M. Duverney s’exprime ainsi : ci Pour faire la balance (i juste de notre compte, je me reconnais son débiteur de la somme de vingt-trois mille livres, que je lui payerai à sa volonté, sans qu’il soit besoin d’autre titre que le présent engagement, » on conviendra sans peine que, si j’eusse dû à M. Duverney quelque chose au delà des cent trente-neuf mille francs que je venais d’acquitter, il ne déclarerait pas, après m’avoir reconnu quitte de tout envers lui, qu’il est mon débiteur, en fin de compte, d’une somme de vingt-trois mille livres. Et cette dernière preuve ajoutée à toutes les autres me paraît ne laisser aucun doute sur la netteté de ma dette totale, montant à cent trente-neuf mille livres, et non à une somme ou plus modique ou plus forte : ce qu’il fallait démontrer.

Et tout cela parut si exact et si juste à M. Duverney, qu’après avoir gardé trois jours les deux doubles du compte, il m’en renvoya un daté et signé de lui, n’en déplaise au comte Falcoz de la Blache, que tout cela met au désespoir. Et millions d’excuses demandées au lecteur, que je promène à travers un mémoire hérissé de chiffres, comme une lande est fourrées de bruyères ; je sens que l’aridité de cette discussion doit prodigieusement le dégoûter de moi : malheureusement c’est un travail inévitable.

ARTICLE IV.

L’article iii finit, comme on l’a vu, par ces mots : « Je vois que M. de Beaumarchais me doit cent trente-neuf mille francs ; sur quoi » (c’est-à-dire sur laquelle somme) ; et l’article iv commence par ceux-ci : « Je reconnais et reçois ma quittance du 27 août 1761, de la somme de vingt mille francs… i’Plus, je reconnais ma quittance du 1 6 juillet 1765, de dix-huit mille francs… Plus, celle de neuf e< mille cinq cents livres, du I i aoùl 1766. » un exposé —i clair, peut-on s’empêcher Vo ■ ■ I

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d’admirer la sagacité, la vue de lynx de mon adversaire, qui découvre dans la première quittance de vingt mille livres un double emploi, une erreur insidieuse, une donation obscure, un bienfait detourné, un dol, une lésion, une fraude énormissime, eli.’? Car tout cela est entre dans ses plaidoyers : et pourquoi ce train ? parce que mon billet au porteur, sur lequel ces vingt mille francs m’avaient été prêtés, ayant été égaré par M. Duverney, dans la crainte qu’il n’ait été volé et qu’on ne vienne me le représenter un jour à payer une seconde fois : après ces mots :. Je reconnais et recois ma quittance du 27 août 1761, de la somme ► de vingt mille francs. » M. Duverney ajoute ceux-ci : ci que je lui avais remis sur son billet au porteur, en date du 19 août précédent, et qu’il m’a rendus sans en avoir fait usage, lequel billet au porteur s’est égaré dans mes papiers alors, sans que je sache ce qu’il est devenu ; mais que je m’engage de lui rendre, ou indemnité, en cas de présentation au payement : ■> ce qui est de toute justice.

Où donc est le double emploi, je vous prie ? Quand un débiteur c pte avec un créancier auquel il a fait des payements partiels en divers temps, comment solde-t-il ? N’est-ce pas en argent ou quittances ?

Et puisque je fournis en acquittement a M. Duverney, sur le total de ma dette de cent trente-neuf mille livre-, sa quittance de i r i u I mille livres, qui prouve que je les lui ai bien payées, n’est-il pas juste qu’il la reçoive à compte ?

Et n’est-il pas juste aussi que mon billet au porteur, c’est-à-dire ne m billet à monsù ur… en blanc), qui est le titre du prêt de vingt mille francs, me soit remis avec tous les autres ? — i eus, billets, contrats, etc. ? Et si celui qui doit me rendre ce billet m’annonce qu’il ne li pourra, parce’/"’il l’a égaré, n’est-il pas juste encore que ce billet, balance par une quittance de pareille somme, soit spécifié dans l’arrêté par su forme au porteur, sa dati du 19 août 1761, et su somme’le vingt mille francs’.’ Si quelqu’un avail pris ce billet à M. Duverney, m vous I a iez retrouvé vous-même dans les papiers de votre bienfaiteur ; enfin, si on venait un jour me le présenter au payement ; comment prouverais-je, sans cet énoncé exact, que ce billet est le même qui a été détruit et annulé par l’acte, comme étant acquitté ?

c M. de Beaumarchais me doit au total cent trente-neuf mille livres:sur quoi je reconnais et reçois ma quittance de vingt mille livres, etc. ■> Voilà le texte. Voyons d • si nous avons autant déraisonné, M. Duverney et moi, que si m légataire universel, plus grand clerc que nous deux, voudrait le faire entendre; et prenons pour exemple ce prétendu double emploi de vingt mille livres, qu’il a retourné de tant de façons dans ses écrits. Voici comment nous procédions. Chaque fois que