Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/635

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auMonm mt ni doit être fourni tout à à l’heure, attendu qu’il importe que la réclamation des armes promptement par le ministre de France auprès des états de Hollande, aux termes de l’article 8 du traité du 18 juillet ;

Que l’instruction adressée à M. de Maulde soit très-promptement expédiée et remise à M. de la Hogue, qui n’attend que ces pièces et son passeport pour partir ; avant à Dunkerque, depuis le 24 juin, et aux frais du gouvernement, le bateau qui l’a amené, par lequel il doit reporter à M. de Maulde la réponse, attendue depuis plus d’un mois, des importantes dépêches dont il a été le courrier. J’attends en vain. Point de réponse de M. d’Abancourt

; point de réponse non plus de M. Dubouchage :

mais leur ministère fut si court, qu’il n’y a point de reproche à leur faire. Je vis pendant ce temps, jusqu’à l’en impatienter, Bonne-Carrére, chargé du haut travail des affaires étrangères, oir b— caution passe-port de la

Hogue, si le désordre affreux où l’on vivait empêchait qu’on ne s’occupât des dépêches de M. de Maulde sur les fabricateurs d’assignats faussaires, qu’il tenait en prison en Hollande, et qu’on voulait arracher de ses mains : ce qui était un grand déde ne voir que moi, Bonne-Carrére un matin quitta son cabinet pour descendre chez le ministre régler avec lui les sûretés que M. Durvey demandait pour fournir le cautionnement, lorsque, tirant sa porte, un mal si violent, si subit, le saisit devant moi, qu’il fallut bien tout oublier pour voler à son secours, et ne plus s’occuper que de cet accident, qui le retint dix jours au lit, au grand retard du cautionnement désiré.

En revenant chez moi, je me disais : C’est une vraie malédiction ! Les hommes, les événements, la nature même, tout est contre.

Cependant j’obtins, le 31 juillet, le passe-port de M. de la Hogue, avec une courte lettre adressée a M. de Maulde ; mais pas un vestige de cautionnement. L’on fut même plus de quatre heures à chercher vainement les dépêches de M.de Maulde, tant le désordre était affreux ; à retrouver, dans le bureau du sieur Lebrun, les titres de six mille florins avancés en mon nom à cet ambassadeur, lorsqu’il fit arrêter les faussaires de Hollande, pour me faire rendre au moins cet argent-là. devenu nécessaire au départ de M. de la Hogue, tout le reste étant arrêté.

Si cet argent m’eût été dû au département de la guerre, je ne fais aucun doute que le sévère M. Vauchel n’eût objecté, sur ma demande, l’opposition du sieur Provins !

J’avais dit à tout le monde que M. de la Hogue partait pour faire arriver les fusils. Le voyant rester à Paris, où il attendait avec moi cet éternel cautionnement, on commençait à murmurer que j’arrêtais M. de la Hogue, et ne voulais pas sûrement que ies nous vinssent pendant que l’ennemi pénétrait dans la France, et que de tous côtés nos soldats manquaient de fusils ! De fréquents avis m’arrivaient.

Je priai mon ami d’aller attendre, au Havre, que j’eusse vaincu les obstacles qu’un profond d mettait dans l’expédition des ministres, aliu eue, ■parti, les cris du peuple s’apaisa quitta tristement Paris, me suppliant de ne pas lâcher priser/ ;. utionnement, sans lequel I il perdait ses ; » ", ■, ■.

Enfin, le 7 août, premier jour où M. de Sainte-Croix -e montre aux affaires étrangères, je lui écris la lettre suivante, qu’il faut bien joindre ici pour montrer la série de toutes mes démarches, pendant qu’on m’accusait d’incivisme et de trahison: A 31. de Sdiitb —C des affaires étrangéres.

• Paris, le 7 août 1792.

« Monsieur,

« En vous adressant le mémorial instructif déjà remis à M. Dubouchage, sur l’état d’une affaire aussi que celle des armes de Hollande, j’ai l’honneur de vous assurer que, depuis quatre mois et demi, la plus légère circonstance qui se rapporte

ls m’a toujours coulé quinze jours de sollicitation,

et au moins vingt courses perdues : c’est une vraie malédiction. En voici le dernier exemple : « Le 18 juillet, les deux ministres de la guerre et des affaires étrangères, ont enfin signé l’acte par lequel ils obligent le gouvernement à fourni,’huit à l’heure un cautionnement de cinquante mille florins d’Allemagne à mon vendeur hollandais, qui s’y est engagé lui-même envers feu l’empereur Léopold, en assurance que ces fusils iraient en Amérique, et sons lequt l on nt / » "/ rien finir. Eh bien ! la misérable circonstance de savoir quelle sûreté on doit donner à M. Durvey, qui se charge du cautionnement nous acoïtir déjà dix neuf jours de retard et trente courses inutiles, sans que M. de la Hogue, qui doit en être le porteur, ait pu quitter la France pour une affaire où les heures perdues coûtent si cher à la patrie, qui demande à grands cris des armes ! De plus, je suis menacé tous les jours d’être dénoncé sur le retard de ce départ (seul moyen, prétend-on, de me faire dénoncer moi-même ceux qui en sont les vrais fauteurs). Ainsi froissé entre les embarras ou l’oubli d’un côté, et la malveillance de l’autre, foi fait sortir M. de la Hogue de Paris, afin qu’au moins on ne l’y trouvât (dus. Il attend dans le port du Havre ; et moi, je vous supplie, monsieur, de consacrer un seul quart d’heure à terminer la s&reti que M. Durvey vous demande. Ci —I par honneur que je vous importune, par amour seul de ma patrie, puisque l’affaire des fusils est devenue personnelle au gouvernement.

. Pendant que tout prétexte est bon pour trouver les ministres en faute, ne fournissons pas des mo-