Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/641

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mal d’une publicité fâcheuse, par laquelle on veut couper court à l’arrivée de nos fusils. C’est très-sérieusement que vous en êtes prié, monsieur, par votre dévoué serviteur,

« Beaumarchais.

À ma lettre étaient jointes sa grande lettre qu’on a lue sur l’affaire de M. la Hogue, et ma fière réponse au proposant Constantini.

Point de réponse.

Je vins deux fois par jour, le 19, le 20, le 21 et le 2-2. où je lui écrivis cet autre billet chez son suisse, après huit courses en quatre jours, qui, pour aller et venir, composaient près de deux lieues chacune ; et je disais dans le chemin : Si les ministres se croient heureux de leur invisibilité, les gens qui galopent après eux sont certes bien infortunés !

« 22 août 1792.

« Beaumarchais est venu dimanche, avant-hier, hier et aujourd’hui, pour saluer M. L brun, el lui rappeler que le caution ih mi nt assuré par M. Burvey I , et que lui Beau)

ignore ce qui concerne il. de la Hogue ; qu’il est comme les héros d’Homère, combattant dans l’obscurité, et-priant tous les dieux de lui rendre, la lumière, pour savoir ce qui reste à faire pour la portion de bien qu’il est chargé, depuis cinq mois, de procurer à la patrie, et que toul tend à reculer. « Il présente son respect à M. Lebrun. » Point ’ !■ réponsi .

Je cesse d’y aller. Ne pouvant deviner ce qu’après ma lettre si ferme les ministres avaient décidé sur le sort de M. de la Bogue, je dévorais mou sang dans une espèce de rage mue. Plus de nouvelles de ce Constantini, sinon une lettre d’injures à laquelle j’avais fait une réponse de pitié. Une lettre de M. Christinat, le député du Havre, m’avait appris que son courrier elait reparti pour ce port, et que l’affaire du départ de M. de la Hogu avait été jugée par 1 pouvoù exécutif, sans qu’il pût médire comment ; et je me disais en fureur : Ils ne s’en sont point occupés ; ils auront envoyé une lettre d’attenie, quelque réponse insignifiante : et c’est encore du temps perdu. Pardonnez-moi, lecteurs ! ils s’en étaient fort occupés ; en voici la preuve très-claire, qu’on ne supposai ! guère que je pusse acquérir jamais.

Le 22 août, je reçois ce mot désastreux de /«  Hogue :

« Vous avez, monsieur, sous le repli de la présente, une copie de la réponse du ministre de l’intérieur au sujet de mon passe-port. « Je ne puis que m’en rapporter à vous sur la conduite que vous croyez devoir tenir à cel égard ; en attendant je prends patience, et reste ici à poste fixe.

« Signé la Hogue. »

i au verso de sa lettre, et j’y lis enfin ce qui suit :

la / /// , du ministre de l’intèi h ur â la municipalité du Havre.

i i 19 août 1792.

L’Assemblée nationale, messii urs, me renvoie la lettre que vous écrivîtes hier àson président, en lui renvoyant le passe-port du sieur de la Hogue. Elle me charge de vous mander de laisser en pleine liberté ce particulier, et de lui donner un passe-port, s’il le désire... [devinez lequel, ô lecteurs ! ) un passe-port pour l’intérieur, mais de ne lui en point donner pour l’étranger. A l’égard du paquet pour M. de Maulde, l’Assemblée vols charge de me l’adresser.

Roland, ministre de l’intérieur.

Je fis le bond d’un lièvre atteint de plomb danla cervelle, en voyant [’ Lssi mblét nationale envoyer l’ordre affreux d’empêcher la ffot/uede partir. Puis, me remettant tout à coup, je dis avec un rire amer : Eh ! parbleu ! j’oubliais qui nos amis sont rcvenusen plaa : Ci »’• st point l’Asst mbh e, ci sont i ux. En voilà lepremier effet. Plus de fusils pour notre France !

Maintenant, mes lecteurs, rafraîchissez-vous bien le sang, eu démêlanl avec le pauvre diable le mot de cette nouvelle énigme ! Comment se peut-il, me disais-je, que L’Assemblée nationale, à qui l’on soustrait parpmdence la discussion publique de i e -j’ 1 ton, -lie reite affaire, pour ne pas augmenter la malveillance des Hollandais, s’ils apprenaient l’intérêt qu’elle y prend ; comment celle Assembléi a-t-elle pu ordonner au ministre de l’intérieur comme il l’écrit à I" municipalité du Havri d’interdire à M. de I" Hogui d’aller exécuter sa mission en Hollai de ? Tout cela n’est qu’une perfidie ! Heureusement pour ma recherche, qu’ayant reçu de il. Christinat une réponse très-polie à nie-deux lettres du 19, je m avisai de la relire ! j’j surpris avec joie le mot que je cherchais car. lorsqu’on s’acharne à trouver le mot d’une énig fût-ce un malheur qu’il nous apprend, on éprouve un certain plaisir à le dérober à l’auteur ; j’y vis, lecteurs, ce que vous allez voir aussi. « Il m’a élé impossible, monsieur, de pouvoir répondre hier a vos deux billets que m’a remis le courrier. olre second m’informait que vous saviez la réponse qui m’avait été faite au premier. [Cetti réponsi était l’ordn dt l’Assemblée d’aller en fera avec les comités.) Chargé par le comité de surveillance el la commission des douze de me retirer vers .1/. Roland pour avoir une réponse positive dt lui A LA LETTRE DE LA MUNICIPALITÉ DU HaVHE, écrite ii M. Ii- président de l’Assemblée... » Vous l’entendez, lecteurs : l’Assemblée n’envoie