Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/644

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Sombreuil et sa vertueuse fille, qui s’était enfermée avec son père dans ce cloaque, et qui, dit-on, lui , i sauvé la vie ; l’abbé dt Boisgelin, MM. Lally-Tollendal, Lenoir, trésorier des aumônes, vieillard de quatre-’* ingt-deux ans ; M. Gibé, ootaire ; ru lin, cent quatre-vingt-douze personnes encaquées dans dix-huit petites chambres !

I ae heure après mon arrivée, on vint me dire que l’on me demandait avec un ordre écrit de la municipalité. Je me rendis chez le concierge, où je trouvai… devinez qui, lecteur ? M. Larcher, l’associé de Constantini, et celui </< tant d’autres, que je ne nomme pas encore. Il venait me renouveler les douces propositions qu’il m’avait déjà faites chez moi, et même de leur vendre tous mes fusils de Hollande. ri sept florins huit sous la pièce : ce n’était qu’un florin de moins de ce que l’État h s payait : i tje prendrais en payement tes huit cent mille francs qi e je VEXAIS, dit-U, DE TOUCHER A LA TRÉSORERIE. A Cette condition, je sortirais de l’Abbaye et /munis mon attestation. Je prie mon lecteur, qui mesuitdepuïs que je fais ce mémoire, de se former l’idée de ma figure, car je ne puis la lui dépeindre. Après un moment de silence, je dis froidement à cet I îme : « ’Je ne fais point d’affaires en prison ; allez-vousen dire cela aux ministres qui vous envoient, et e qui savent aussi bien que moi que je n’ai pas touché un sou des huit cent mille francs donl >< vous parlez : sottise qu’on n’a répandue que ii pour me faire piller chez moi la triste nuit du • 10 août ! i>

Vous n’avez pas touché, dit-il en se levant, huit cent mille francs depuis quinze jours ? — Nox, dis-je en lui tournant le dos. Il prit la porte et court en-’ le ne I ai pas re u depuis.

Quand i es messieurs, disais je à son départ, viennent m’en offrir sept florins, c’est pour les revendre sans doute à I Étal onze ou douze, car ils ont tout pouvoir. J’entends maintenant leur affaire ; mais ils m’égorgi ront a ant de l’accomplir, ajoutai-je les dents serrées.

Revenu dans la chambre avec les autres prisonniers, je leur contai à tous ce qui venait de m’aniver, cl je is que moi seul en étais étonné. L Lin de ces ssieurs non, disait : <• Les ennemis oui pris Longwy. S’ils peuvent entrer dans Vi rdun, la terreur gagnera le peuple, et I’m profitera pour nous faire égorger i< i. —.]<■ n’j vois que trop d’apparence, » lui répondis je en gémissant. Le lendi main, on me lii passer en prison le billel que je vais copier.

BILLET.

Colmar, officier municipal, el relui qui a dit en • ■ i i /’i i si « ce avoir des pn uves contre vous, esl cause du nouvel ordre celui qui m’avait remis au ■ • " i ■ Le comité n’a pas voulu prendre sur lui de le décerner ; il a exigé une réquisition écrite du sieur Colmar. Je l’ai vue, Elle e i sans désignation de motifs. On non.— promet de s’occuper de délai. Votre portefeuille est scellé comme vous Vax i ; désiré. Écrivez avec force au comité, que je ne quitte pas.

Ce billel de mon neveu me fut remis par le concierge, à l’honneur duquel je dois dire qu’il adoucissait de son mieux le sort de tous les prisonniers. Je demande a mes compagnons d’infortune la liberté d’écrire, dans un coin et sur mes genoux, un fort mé ire au comité de surveillance dclamairie. M. Thie ? ry me prêta du papier ; M. d’Affry, son portefeuille pour me tenir lieu de bureau. Le jeune Montmorin, assis par terre, le soutenail pendant que j’écrivais. M. de Tollcndal disputait avec l’abbé dt Boisgelin ; M. Gibé me regardait écrire ; M. Lenoir, à genoux, priait avec ferveur ; et moi j’écrivais ma requête, plxis fière, hélas ! peut-être qui ci temps ne h comportait. Je ne lais celte réflexion qu’en faveur de Lccointre, qui vous a dit, ô citoyens, quej’écx ix ais ai i o bassi sse sur ci If’époux antable affaire ! La voici, ma bassesse.1 ceux qui me tenaient le couteau sur le sein :

A Mes

urs du comiti de

de la mairie.

sut 1’’il’m <

Messieurs,

Si je rassemble au fond de ma prison le peu de mots que j’ai pu recueillir sur l’objet trop publie de mon étrange airestation, je juge qu’un ardent désir de voir entrer en France les soixante mille fusils achetés par moi en Hollande, el cédés au gouvernement, vous fait ajouter foi aux viles accusations de quelques calomniateurs, aussi lâches qui mal instruits du très-grand intérêt qui j’ai à voit pi ocuri r ces si cours.

Mais, laissant là mes intérêts comme négociant et comme patriote, et d’après leurs imputations, permettez moi, messieurs, de vous faire observe] de nouveau que la conduite qu’on tient envers moi est diamétralement opposée, quelle nuit en tous sens u u bien qui 1 ous préti ndi z faire. Ce qu’il j a de plus pressé n’est-il pas’I éclaircir les faits, déposer des bases solides qui puissent régler votre conduite et vous faire juger la mienne ?

c. Au lieu de cela, messieurs, depuis cinq jours je traîne alternativement du corridor obscur de la iii.in fi à la prison infeeti di l’Abbaye, sans que l’on m’ait encore interrogé sévèrement sur des faits d’une telle importance, quoique je n’aie cessé de vous le demander, quoique j’aie apporté el laissé dansvotn bureau h portefeuille qui contient ma justification entière, fait ma gloire de citoyen, el peui seul vous montrer le succès après les travaux.

c Cependant ma maison, mes papiers ont été visités, ei la plu, sévère recherche n’a fourni à vos e lissaires que des attestations I cables pour moi ! Mes scellés onl été Ims : moi seul je suis sous