Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/656

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je pars demain pour la Hollande, et je la ferai bien finir ! Un autre : Il ne veut pas qui ces fusils-là entrent ; depuis cinq mois lui seul les retient en Hollande ! Et toutes les horreurs ont suivi. Deux de mes amis qui m’attendaient agitèrent entre eux s’ils ne devaient point entrer, vous prier de me faire sortir par une autre issue que celle-là.

ci Sur-le-champ j’ai écrit au président de la commission îles m mes, pour le prier de vouloir bien nommer des commissaires, négociants, gens de loi, pour éplucher sévèrement ma conduite, offrant ma tèti pour otage ; et prononcer enfin qui mérite h blâme ou l’éloge dans l’affaire de ces fusils : car je puis être déchiré par les bacchantes, comme Orphéi . avant que les armes arrivent, et elles n’arriveraient jamais !

l.Tini isdonc, monsieur, je vous en supplie, la partie commerciale de l’acte, pendant que j’en justifierai, devant un comité sévère, l’esprit, pour la troisième fois depuis qu’il a été conçu ; je ne puis plus soutenir l’état où celle affaire me met. Monsieur,

« Voire, etc., etc.

« Signé Caron Beaumarchais.

Ce 13 septembre H92. »

J’écrivis le soir même au comité des armes ; je sentais, à l’éclat qui s’était fait sur moi, à l’hôtel delà Guerre, pendant que j’étais au conseil, que mon danger était très-imminent : j’avaisle poignard sui la gorge. Mon mémoire fut remis le lendemain malin li septembre.

Beaumarchais à la Commission des armes. < Monsieur le président,

■ Le nom du comité auquel vous présidez m’annonce que mon affain’les fusils de Hollande esl spéciale ni de son ressort. Depuis cinq mois, à peine puis-je nie faire écouler de quelqu’un, pour mettre à fin l’affaire la plus intéressante au salut de notre patrie. De ce que ces arme— n’arrivenl point, les ignorants du fait, sur/nui mes ennemis, concluent que c’est moi suit qui les arrête, tandis que j’ai la preuve en main que peut-être moi seul j’ai fait mon devoir de patriote actif el de grand citoyen dans celle interminable affaire. < Pendant que les nouveaux ministres sont occupés, monsieur, de sa partie c merciale, et ne peuvenl donner leur temps à l’examen sévère de ma conduite, dent ils ne voient que des points, sans être à même d’en parcourir, d’en jiiger la série entière, j’ai l’honneurde vous prévenir qu’il importe également au salut public el au mien que ma conduiti soit épluchée par des commissaires < < li i n —, des négociants, des gens de loi, à moins qu’il ne vous convienne, monsieur, el au comité, de m’entendre ; ce qui marcherait plus au but, qui esl l’arrivêt di fusils.

i> demande une attestation de ci isme el de pureté qui assure mon existence, el j’offre ma tête en otage, si je ne prouve pas que je l’ai méritée par les plus grands efforts qui puissent honorer un Français.

« Si vous me refusez, monsieur, je puis êtn égorgé, ■mur j’ai déjà manqué de l’être trois fois pour cetti affaire. Ma mort n’est bonne à rien ; ma vie peut être encore utile, puisque sans elle vous n’obtiendrez jamais les soixante mille armes que l’on nous relient en Hollande.

» Je suis avec un grand respect, ii Monsieur.

ci Voire, etc.

— sijm’Caron Beaumarchais.

ii Taris, ce 13 septembre 1 792. Voila ce que. dans son rapport, mon dénonciateur appelle écrire bassi rm nt sur V affain. Citoyens, j’avais cru que la rigueur contre soi-même était fierté et non bassesse ! Mais on l’avait tellement égaré, que je ne veux plus me fâcher d’aucune chose qu’il ait dite.

La commission des armes me répondil catégoriquement le li sur ma demande, et sans perdre un seul jour. — Ha ! ha ! me dis-je, ces messieurs procèdent autrement qui h pouvoir exécutif ! Ils ont la bonté de répondre ; enfin, l’on sait comment on marche. Voici la lettre que j’en reçus : septembre 11

l’égatité.

l’an IV de la liberté

« La commission îles armes, qui a rem votre lettre du 13 courant, désirerait, monsieur, pouvoir vous entendre ce soir sur votre affaire des fusils de Hollande ; mais il convient préliminaireuient que vous présentiez une pétition à l’Assemblée nationale, qui la renverra à celui de ses comités qu’elle jugera convenable, et probablemenl ce sera à la commission des armes ; alors, monsieur, vous pouvez compter qu’elle conférera d’aulanl plus volontiers avec vous sur l’opération dont vous l’entretenez, qu’elle espère trouver dans le résultai des éclaircissements, et que vous pourrez lui donner l’occasion de rendre un nouvel hommage à votre patriotisme.

.i Les membres de la commission des armes, .. Signé Maignete, Bo, etc. « 

J’envoyai sur-le-champ la pétition suivante à l’Assemblée nationale :

ii Monsieur le président,

« Une affaire immense, entamée peur offrir à la France un grand sec. ans d’armes étrangères, en souffrana depuis Ion gtemps, exige en ce moment une discussion aussi sèvèri que discrète. Lapublicité lui nuirait. Le pétitionnaire vous supplie, monsieur le président, de vouloir bien renvoyer celle discussion au comité, aussi juste qu’éclairé, nommé la commission des ai m s.