Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/664

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sale intrigue, c’est cette indigne opposition dirigée par d’autres brigands, qui seule m’empêcha de toucher en juillet les deux cent mille florins que j’ai reconnus dans mon acte m’avoir été payés par le ministre, et dont la retenue a fait un si grand mal à mon affaire des armes et à toutes mes autres affaires. J’ai ordonné chez moi qu’on vous signifiât, monsieur, cette mainlevée, en votre qualité de ministre par intérim du département de la guerre : car je ne puis rester dans la détresse où l’on m’a mis, et qui m’a forcé en partant de faire porter chez mon banquier, pour avoir de quoi vivre ici, le peu d’argent que je conservais en cas d’un malheur Ires-pressant. c. La belle équipée qu’on a faite de m’envoyer à Paris, ■ !) prison, au secret, pour éclaircir Vaffairt des fusils, et celle de la publier ensuite dans des journaux bien scandaleux, ont fait retirer de Hollande les lettres de crédit que’mes banquiers m’avaient données, regardant comme uu homme égorgé, ou tout au moinsforcé de fuir. Mon crédit s’trouve altéré ; el j’avoue que, sur les détails de ce que j’ai souffert en France, beaucoup de gens dans ce pays me prennent pour un émigré, ce qui a’y établit point mon crédit. Tout ce que je dis n’y l’ait rien. Jamais acte patriotique n’a causé tant de mal à aucun citoyen français ! » Quand les détails en seront publiés, on ne comprendra pas plus que les comités qui m’ont donné tant d’attestations honorables ne l’ont fait, comment j’ai pu subir cette persécution constante. ■ L’opposition étant levée, je vous supplie, monsieur, de me mettre en état d’achever honorablement l’ouvrage que j’ai commencé. Quand vous ne m’enverriez d’abord que cinquante mille florins par M. <le Mauldi, comme i ous mt l’avt —— dit i n partant, je me tiendrais fier en Hollande : n’y ayant plus besoin des secours de personne, on y verra m je suis citoyen.

« Si vous jugez à propos, monsieur, de remettre votre réponse à mon premier commis, qui vous rend cette lettre, elle me parviendra plus sûrement que par toute autre voie connue.

Agréez le rcspecl d’un citoyen qui vous honore, el qui ne prodigue point ses éloges. « Signé Beaumarchais.

i’. S. J’ai eu l’honneur de vous mander dans m. i dernière que beaucoup] d’indiscrets Français venaient ici mettre le l’eu dans les affaires qui regardent la France, voulant tout haut des fusils à tout pi ix ; ce qui, en s discréditant, l’ail monter jusqu a des prix fous toul ce qu’on demande i r la France. Qui croirai ! que de pareilles gens sont accrédités par l’État, et qu’une de ces compagnies i rrantes, sur la caution de dispose de cinq cenl mille livres | ■ soixante mille fusils aussi, donl vous n’obtiendrez pas un seul ? ce qui est bien sue ’.ujourd’hui que je sais que ce sont les miens. Kl quant à vos cinq cent mille’Ira ne-, von— le— m trouverez "M ei quand il plaira au dieu qu’on nomme Hasard, etc., etc. ■

Le’i novembre, ne’voyant rien venir, je lui envoie ee peu de mots, pour ne point trop l’impatienter :

A.V. Lebrun.

. La Haye, ce 1 novembre 1 : 02.

ii Monsieur,

« Lorsque la France a d’aussi grands succès, c’est un terrible exil que d’avoir affaire en Hollande.

« Je le serai pourtant, exilé de la France, jusqu’au jiuir oit une lettre catégorique de mus m’apprendra SI LE CAUTIONNEMENT NOUS ARRIVE, OU —"l ne me reste plus qu’a partir, pour aller justifier ma conduite patriotique dans mon pnt/s ! o Recevez les respects d’un citoyen. Signe Beaumarchais.

<> Le trésor et les archives de Bruxelles sont arrivés ; > Hottt rdam:les nouvelles de l’armée de Clairfayt niellent ici tout le monde au désespoir, excepté moi. »

Je commençais à perdre patience, accusant Ions les embarras ou la lenteur de ce ministre ; et. le courrier suivant, je lui écrivis de nouveau. 11 n’était pas possible, après avoir plaidé ma cause au conseil, comme il me l’avait assure ; après m’avoir enjoinl départir au plus vite; après avoir reconnu, ci rtifii l’acte du 18 juilh >:après avoir donné l’ordre à M. de Maulde de l’exécuter avec zèle et promptitude, en me priant de l’y m, I, r ; après m’avoir solennellement promis que le cautiomu un ni éternel serait m, mi moi à la Haye; âpre— m’avoir offert, sansque je le lai demandasse, deux ou trois cent nulle francs sur son département, me priant même de lui envoyer mes avis sur la manière d’acheter lis toiles et autres marchandises sèches de Hollande:je ne pouvais, sans l’insulter, lui montrer aucun doute sur sa lionne volonté. Prenant patience en enrageant, j’allais me rappeler encore; ï sa mémoire, lorsque l’on me remit une grande lettre contre-signéc Lebrun.

Ah ! me dis-je avec un soupir, qui sait attendre voit souvent la tin de —es tribulations. J’ouvris celle lettre, et j’y lus :

i Paris, le i novembre 1792, l’an " do la république.

« J’ai reçu, citoyen, la lettre que vous m’avez écrite de la Haye, el je n’ai différé d’j répondre ■ pie parce que je me suis procuré de veaux renseignements sur la cargais les fusils arrêtés par ordre de l’amirauté a Tervère. Sans entrer dans aucun détail sur la spéculation que vous avez l’aile, ni sur son objet, je vais vous instruire tout simplement de ee qui m’est revenu sur I i qua-