Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/702

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convaincrez avec étonneraient que, revenus au point d’où nous sommes partis il y a deux ans, nous n’avons fait autre chose que tourner dans un cercle oiseux, et perdre nos travaux, notre temps et notre espérance.

« Par exemple, vous me mandez qu’il y aurait moyen de me concilier avec la Comédie ; que je dois établir aujourd’hui mes droits devant elle, et que les comédiens me répondront après les avoir examinés. Mais vous oubliez, monsieur le maréchal, que c’est après avoir vainement posé ces droits pendant un an, les avoir établis dans trente lettres qui ne m’ont valu de leur part que des réponses vaines, vagues et sans effet, que je fus traduit par eux devant vou, à I instant où, perdant patience, j’allais forcer, le timbre à la main, leur comptable de me remettre un état en règle de mes droits contestés.

« Vous oubliez, monsieur le maréchal, que le vif désir que vous me montrâtes alors de changer cette discussion personnelle en un arrangement général entre les comédiens et les auteurs me détermina sur-le-champ à préférer vos promesses à la voie juridique, et à rassembler chez moi les auteurs mes confrères, pour leur faire part de vos bonnes intentions. Vous oubliez, monsieur le maréchal, qu’alors vous ne vouliez qu’être bien éclairé sur les demandes des auteurs, pour trancher la question el —an.— MM. vos confrères, qui, disiez-vous, avaient abandonné cette partie.

« Vous oubliez encore que, sur un léger doute de ma part que vos occupations mois permissent de cl n ner à cette affaire toute la suite et l’attention qu’exigeait son succès, votre premier mot lui que vous casseriez la Comédie, si < lie opposait le moindre obstacle à des i in.s aussi judicieuses. ii nui n’aurai) pas cru i omme moi, d’après cela, monsieur le maréchal, qu’un travail projeté de concert avec vous, la il par tous les gens de lettres, corrigé sur vos observations > i terminé sous vos auspices, allait rendre aux auteurs dramatiques les droits injustement usurpés qu’ils réclament ur leurs propres ouvrages ? Cependant, après in ii • ans de patience, je suis renvoyé, par vous, de m i veau mes droits d’auteur devant les comédien, c’est-à-dire à i ccommencer penautre année tout ce qui a été dit et fait entre eux et moi, i ■ entamer ensuite un nouveau traité conciliatoire avec M. le maréchal de Duras, que les comédiens ne manqueront pa im iquer encore, à l’instant où l’impatience me fera de nouveau recourir aux voies juridiques. C’est-à-dire, monsieur le maréchal, que, sans vous en limiter, vous m’invitez à parc ir > ucore une fois le cercle fatigant de trois ans de travaux perdus et de soins inutiles : autant valait-il alors me laisser aller au parlement, comme je me disposais à le faire.

ci Nous me renvoyez, dans votre lettre, d M. U ci man chat de Rida lit » sut h s obji étions faitt s <"nti • n le règlement, parce que, dites— vous, votre seri/ta </< ce Versailles vous empêche de mus en occuper ; niais ci vous oubliez, monsieur le maréchal, qu’à la fin de l’an passé vous vous félicitiez d’entrer d anci née à Versailles, parce que vous espériez qu’étant à demeure dans le lieu qu’habite M. le comte de Maurepas, vous trouveriez facilement le moyen de régler avec lui l’affaire de la Comédie, dans des moments : elles de l’État lui laisseraient un peu de repos.

ci Su i— ici espoir, j’ai remis à M. le comte de Maurepas le nouveau règlement du théâtre, avec vos corrections. Ce ministre, à qui j’ai depuis pris la liberté d’en demander son jugement, m’a répondu qu’il en était content, mais que jamais vous ne lui aviez dit un mot des auteurs dramatiques, et qu’il vous croyait trop embarra se d i i rai a : de — acteurs, pour qu’on pût vous proposer de penser aux auteurs dans ce moment-ci. " À quelle époque donc les auteurs dramatiques peuvent-ils espérer qu’on s’occupera de leur affaire.’^ a-t-il, monsieur le maréchal, une patience à l’épreuve d’une pareille inai lion ? et —i ci tous ces faits étaient connus du public, n’aurions-nous pas a nia ni de partisans de nos pi a in les ■’qu’il y a de gens sensés dans le royaume ? ci Vous me mandez encre, monsieur le maréchah, ci cpie vous avez ouï dire que. parmi les auteurs, plusieurs se sont récriés contre l’arrangement ; mais vous oubliez que vous avez su par moi, dans le temps, que le point de division entre quelques membres et le corps entier des auteurs ne portait que sur le vœu général de l’assemblée pour l’élévation d’un second théâtre. Plusieurs voulaient que la demande en fût remise au temps où l’on aurait épuisé tous les moyens d’avoir justice ; et les autres, que l’on ci nencàl par cette demande au conseil du roi:certains, disaientci ils, que jamais nous n’obtiendrions rien de l’administration de la Comédie.

ci Il est bien fâcheux, nsieur le maréchal, que l’événement semble justifier aujourd’hui leurs inquiétudes. À la vérité, quelques objets de discipline intérieure entre les auteurs ont pu les émouvoir dans leurs assemblées; mais avez-vous jamais doute que tous les vœux ne se réunissent pour un règlement qui mettait leurs intérêts à couvert et tendait a consolider leurs succès ? Il faudrait donc supposer que mes confrères et moi ne sommes ni hommes, ni auteurs dramatiques.

.’Vous voulez bien me dire, monsieur le maréchal, que vous me croyez trop honnête pour saisir un moment où la fermentation est plus forte que jamais parmi les comédiens:mais je .’ne m’adresse point au comédiens, c’est à leurs supérieurs que je demande justice; et qu’im-