Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/797

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SÉGUEDILLE.

Sur un air espagnol.

Je veux ici mettre au grand jour
Le train dont l’Amour
Tracasse la vie ;
C’est comme une cavalerie
Dont l’ordre et la marche varie :
Quand la tête trotte, trotte, trotte, bientôt
La queue est au galop.

D’une mantille, deux beaux yeux
Ont lancé des feux
Sur une victime ;
Le cœur s’embrase, l’on s’anime ;
Mais n’oubliez pas la maxime :
Quand la tête trotte, etc., etc.

L’on va, l’on vient, matin et soir
On voudrait se voir ;
On donne parole ;
Tout en empêche, on se désole ;
L’un est furieux, l’autre est folle :
Quand la tête trotte, etc., etc.

Enfin on goûte au rendez-vous
Les biens les plus doux,
Mais on se dépêche :
L’un est épuisé, l’autre est fraîche ;
Car au Prado, sur l’herbe sèche,
Quand l’amoureux trotte, trotte, trotte, bientôt
La belle est au galop.

On peut tirer un sens moral
Du chant trivial
D’une séguedille ;
Retenez ma leçon gentille :
Trop souvent auprès d’une fille
Quand la tête trotte, trotte, trotte, bientôt
La bourse est au galop.

LA FEMME DU GRAND MONDE.

Sur l’air : Tôt, tôt, tôt, battez chaud.

La jeune Elmire, à quatorze ans, Livrée à des goûts innocents, Voit, sans en deviner l’usage, Éclore ses attraits naissants ; Mais l’Amour, effleurant ses sens, Lui dérobe un premier hommage : Un soupir Vient d’ouvrir Au plaisir Le passage ; Ud songe a perce le nuag i. Lindor, (’pris de sa beauté , Se :l :. . lar : , il est : ■roui. D’un songe, d’une vive image, Lindor est la réalité ; Le sein d’Elmire esl agité, Le trouble est peint sur son visage. Quel moment, Si l’amant. Plus ardent Ou moins sage . Osait hasarder davantage ! le MARIAGE. Mais quel transport vient la saisir ! Cel objet d’un secret désir, Qu’avec rougeur elle envisage , C’esl l’époUX qu’elle doit choisir. On les unit : dieux ! quel plaisir ! Elmire en donne plus d’un gage. Les ardeurs, Les langueurs, Les fureurs, Tout présage Qu’on veut un époux sans partage. l’infidélité. Dans le monde un essaim flatteur Vivement assiège son cœur ; Lindor esl devenu volage, Lindor méconnail son bonheur : Elmire a l’ail choix d’un vengeur : Il la pré ient et l’encourage : Vengez-vous ; Il esl doux, Quand l’époux Se dégage, Qu’un amant répare l’outrage. LA G VLAXTERI le ro iage Voilà l’outrage réparé, Son cœur n’est que plus al Des plaisirs le fréquent us Rend sou désir immodéré : Son regard fixe el déclare A tout amant lient ce langage : Dès ce soir , Si l’espoir De m’avoir Vous engage, Venez, je reçois votre hommage. LE DÉSORDRE. Elle épuise tous les excès ; Mais, au milieu de ses succès, L’époux meurt, et, pour héritage, Laisse des délies, des procès. Un vieux traitant demande ai es