Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/118

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se levèrent toutes les deux ; mais Vermeille courut plus fort que sa sœur, et apporta la chaise. Voulez-vous boire un coup ? dit la bonne femme à la vieille. De tout mon cœur, répondit-elle ; il me semble même, que je mangerais bien un morceau, si vous pouviez me donner quelque chose pour me ragoûter. Je vous donnerai tout ce qui est en mon pouvoir, dit la bonne femme ; mais, comme je suis pauvre, ce ne sera pas grand’chose. En même temps, elle dit à ses filles de servir la bonne vieille, qui se mit à table ; et la bonne femme commanda à l’aînée d’aller cueillir quelques prunes, sur un prunier qu’elle avait planté elle-même, et qu’elle aimait beaucoup. Blanche, au lieu d’obéir de bonne grâce à sa mère, murmura contre cet ordre, et dit en elle-même : Ce n’est pas pour cette vieille gourmande que j’ai eu tant de soin de mon prunier. Elle n’osa pourtant pas refuser quelques prunes, mais elle les donna de mauvaise grâce et à contrecœur. Et vous, Vermeille, lui