Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/135

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dire seulement, que mon père… Et moi, je ne veux rien écouter que je n’aie à manger, dit le prince, qui commençait à se mettre en colère. Il se radoucit pourtant, car il avait besoin de la fée, et lui dit : Je sais que le plaisir que j’aurais en vous écoutant, pourrait me faire oublier ma faim ; mais mon cheval qui ne vous entendra pas, a besoin de prendre quelque nourriture. La fée se rengorgea à ce compliment. Vous n’attendrez pas davantage, lui dit-elle, en appelant ses domestiques ; vous êtes bien poli ; et, malgré la grandeur énorme de votre nez, vous êtes fort aimable. Peste soit de la vieille avec mon nez, dit le prince en lui-même ; on dirait que ma mère lui a volé l’étoffe qui manque au sien : si je n’avais pas besoin de manger, je laisserais là cette babillarde qui croit être petite parleuse. Il faut être bien sot, pour ne pas connaître ses défauts : voilà ce que c’est d’être née princesse ; les flatteurs l’ont gâtée, et lui ont persuadé qu’elle parlait peu. Pendant que le prince pen-