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couches de la reine, et doua un fils qu’elle mit au monde, d’une laideur que rien ne pût surpasser. Diamantine, qui s’était cachée à la ruelle du lit de la reine, essaya de la consoler, lorsque Furie fut partie. Ayez bon courage, lui dit-elle ; malgré la malice de votre ennemie, votre fils sera heureux un jour. Vous le nommerez Spirituel, et non-seulement il aura tout l’esprit possible, mais il pourra encore en donner à la personne qu’il aimera le mieux. Cependant, le petit prince était si laid, qu’on ne pouvait le regarder sans frayeur : soit qu’il pleurât, soit qu’il voulût rire, il faisait de si laides grimaces, que les petits enfans qu’on lui amenait pour jouer avec lui, en avaient peur, et disaient que c’était la bête. Quand il fut devenu raisonnable, tout le monde souhaitait de l’entendre parler ; mais on fermait les yeux, et le peuple, qui ne sait pas la plupart du tems ce qu’il veut, prit pour Spirituel une haine si forte, que la reine ayant eu un second fils, on