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voudrez contre moi ; mais vous ne m’obligerez pas à mentir. Cette, méchante créature, pour se venger, engagea tous les autres domestiques à faire du mal à Fatal. Il restait à la campagne le jour et la nuit ; et, au lieu de lui donner à manger, comme aux autres valets, elle ne lui envoyait que du pain et de l’eau ; et, quand il revenait, elle l’accusait de tout le mal qui se faisait dans la maison. Il passa un an avec ce fermier, et, quoiqu’il couchât sur la terre, et qu’il fût si mal nourri, il devint si fort, qu’on croyait qu’il avait quinze ans, quoiqu’il n’en eût que treize : d’ailleurs, il était devenu si patient, qu’il ne se chagrinait plus, quand on le grondait mal à propos.

Un jour qu’il était à la ferme, il entendit dire qu’un roi voisin avait une grande guerre. Il demanda congé à son maître, et fut à pied dans le royaume de ce prince, pour être soldat. Il s’engagea à un capitaine qui était un grand seigneur ; mais il ressemblait à un porteur de chaise, tant