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terroger les maîtresses devenues esclaves, pour savoir comment elles se trouvaient de leur nouvelle condition. Elles avouèrent toutes, en soupirant, qu’il était bien dur pour elles d’être soumises à ceux auxquels elles devaient commander. Et pourquoi, leur demandèrent les juges, vous croyez-vous en droit de commander à vos esclaves ? La nature a-t-elle mis entre vous et eux une distinction réelle ? vous n’oseriez le dire. L’esclave, le domestique et le maître, sortent du même père ; et les dieux, en les plaçant dans des conditions si différentes, n’ont pas prétendu que les uns fussent plus à leurs yeux que les autres. La vertu règle les rangs devant la divine sagesse. C’est le seul titre dont elle fasse cas ; et c’est pour faciliter l’exercice de toutes les vertus, qu’elle a permis les différentes conditions. L’esclave doit se distinguer par son attachement à son maître, sa fidélité, son amour pour le travail. Il faut que les maîtres, par leur douceur, leur charité, adoucissent ce que la